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Qu’est-ce que WeChat, l’application qu’Elon Musk veut copier avec X, son “nouveau” Twitter

Le logo de l'application WeChat

Le logo de l'application WeChat - Kirill KUDRYAVTSEV © 2019 AFP

Le propriétaire de la plateforme souhaite faire de Twitter, rebaptisé X, une “application à tout faire”. Une ambition importante, à l’image de ce que représente WeChat en Chine.

“X sera la plateforme qui pourra proposer… à peu près tout”. Ce 23 juillet 2023, Linda Yaccarino, nouvelle directrice générale de Twitter, a évoqué l’évolution du réseau social, désormais baptisé X à l'initiative de son patron Elon Musk. Une promesse aussi forte que floue, qui rappelle les propos du patron de Tesla, au moment de son rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars.

“Le rachat de Twitter est un accélérateur pour créer X, l'application à tout faire” avait-il alors assuré, début octobre 2022.

Super application

Pour comprendre son ambition, il faut revenir sur une application régulièrement décrite par Elon Musk comme un modèle: le géant chinois WeChat. Utilisé par pratiquement toute la population chinoise (1,3 milliard d'utilisateurs dans le monde, l’application créée par l’entreprise Tencent en 2011 est souvent décrite comme une “super application”.

D’abord présentée comme un réseau social et un outil de messagerie - au même titre que des plateformes comme Facebook, Instagram ou Twitter, elle a renforcé sa position au fil des années en intégrant des outils de paiement. Un domaine que connaît bien Elon Musk, qui n’est autre que l’un des cofondateurs de PayPal.

En juin dernier, au salon parisien de VivaTech, Elon Musk assurait vouloir “faire quelque chose de plus important que PayPal” avec Twitter, dans sa future version.

“J’essaie de finir une tâche entamée il y a 24 ans, et je pense que X/Twitter va être utile. J’espère que cela sera positif pour la civilisation” ajoutait-il.

En Chine, WeChat est en effet bien plus important qu’une application comme PayPal. La plateforme permet de se verser de l’argent entre amis, mais également de recevoir son salaire, ou payer ses factures du quotidien. Au restaurant, l’application permet de commander son repas, et de régler automatiquement l’addition.

Un utilisateur de WeChat prenant un taxi peut ainsi utiliser l’appli pour régler la facture, et même envoyer un message au chauffeur pendant trois jours en cas d’oubli d’un effet personnel dans le véhicule. WeChat permet par ailleurs d'accéder aux transports en commun, parfois grâce à la simple analyse de l'empreinte palmaire.

Des applis dans l’appli

Si les autorités occidentales - notamment européennes - optent pour des documents officiels dématérialisés, comme le permis de conduire, elles refusent de faire appel à des géants du web pour les stocker, préférant miser sur des applications créées pour l’occasion. En Chine, WeChat permet de stocker sa carte d’identité, ou son permis de conduire. Et même de demander le divorce.

En plus de toutes ces fonctions du quotidien, WeChat concurrence également les équivalents chinois de Facebook, Instagram ou TikTok, grâce à de multiples fonctions de partage de photo et de vidéo. Plusieurs formats sont disponibles.

Une autre possibilité emblématique de WeChat pourrait intéresser de près Linda Yaccarino, spécialiste de la publicité: la création de “mini-programmes”: des applis dans l’appli, qui permettent aux marques d’offrir des fonctions sur-mesure aux utilisateurs de WeChat, sans que ces derniers n’aient besoin de sortir de l’application. De multiples acteurs français - par exemple Sephora - y proposent leurs services, par exemple pour enregistrer ses achats, se donner des conseils beauté, ou cumuler des points de fidélité.

“Il n’y a absolument aucune limite à cette transformation” assure Linda Yaccarino ce 23 juillet. Avec un modèle tel que WeChat, les possibilités semblent en effet bien plus vastes que le cadre actuel de Twitter. En cas de succès, Elon Musk pourrait faire de X une application capable de rentabiliser son investissement faramineux, qu’il a lui-même jugé trop élevé.

Mais en dépit des succès historiques d’Elon Musk dans le spatial et dans l’automobile, créer un “WeChat occidentalisé implique de relever des défis inédits. D’abord en réussissant là où Facebook - qui a également souhaité intégrer de multiples fonctions de paiement - a échoué, dans un monde où la concurrence est bien plus rude que dans l’écosystème chinois des années 2010. Ensuite, en évitant les assauts des régulateurs et des politiques, qui n’hésitent plus à évoquer une hypothèse de démantèlement en cas de risque de monopole.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co