Le "WhatsApp chinois" censure les messages privés dès qu'ils sont envoyés

Des "we-merchants" prennent des photos de bouteilles de vin pour les mettre en vente sur WeChat. - GEORGES GOBET / AFP
En Chine, la censure du Web passe aussi par celle de ses applications mobiles les plus populaires. Ainsi de WeChat, une application mobile au logo vert qui va bien au-delà d'un simple support de messagerie. Dans le pays, le service sert aussi bien à réserver un billet d'avion, qu'à faire des rencontres, prendre rendez-vous chez le médecin, régler des factures, commander un déjeuner voire même à divorcer. Ces fonctionnalités ont à elles toutes séduit plus d'un milliard d'utilisateurs.
La quantité d'informations à même de transiter sur WeChat s'avère considérable. Pour mieux la juguler, le service, détenu par le géant Tencent, a développé un outil de suppression automatique des contenus jugés clivants. Résultat: il est possible de voir l'un de ses messages envoyés disparaître automatiquement, s'il contrevient aux obligations de censure imposées par le gouvernement.
Les images, scrutées à la loupe
Des chercheurs du CitizenLab de l’Université de Toronto, dans une étude relayée par la MIT Technology Review, se sont penchés sur cet outil de filtrage. Ils notent deux types de défis pour l'application. Celui, d'une part, de censurer les publications publiques sur WeChat Moments, une fonctionnalité comparable au fil d'actualité de Facebook. L'autre, de s'immiscer jusque dans les messages personnels pour y faire disparaître des contenus tout juste envoyés.
Pour ce faire, WeChat ne se cantonne pas à une analyse de texte. Les images sont elles aussi passées au scanner d'un algorithme spécialement développé à cet effet. Toutes sont comparées automatiquement avec une liste d'images à supprimer. Dans le pays, les images liées à Tiananmen ou encore à Winnie l'ourson, personnage utilisé pour une soi-disant ressemblance avec Xi Jinping, ne sont pas les bienvenues.
De même pour toute discussion liée à l'arrestation d'un cadre de Huawei ou au scandale CRISPR-baby, soit l'annonce par un scientifique de la naissance de filles au génome modifié.
Si WeChat accepte de se conformer à la censure chinoise, ce n'est pas le cas des géants du Web occidentaux. Google, Facebook, Twitter, Instagram et YouTube sont ainsi exclus du pays. Les versions française, allemande et anglaise de Wikipédia ont disparu du Web chinois en amont du trentième anniversaire de la répression de Tiananmen, qui s'est tenu le 4 juin. Sa version chinoise était inaccessible depuis 2015.