"Un phénomène brutal": en Normandie, l'érosion des falaises s'accélère et inquiète les habitants

Un morceau de falaise amputé de près de 40 mètres de large. C'est le résultat d'un éboulement survenu fin février à Fécamp (Seine-Maritime), qui a emporté un symbole de la ville dans sa chute.
"Notre beau calvaire est descendu avec la chute de falaise, la grosse pierre en granite, la haie, tout est parti", témoigne Annick Quvremon, une habitante de Fécamp, au micro de BFMTV.
Ce phénomène d'éboulement est de plus en plus fréquent en Normandie et se rapproche dangereusement des habitations. La ville a donc fermé certains accès par précaution et interdit de s'approcher à moins de 15 mètres du bord de la falaise.
"Le recul du trait de côte, c'est quelque chose qui est intégré, les éboulements il y en a régulièrement sur la côte d'Albâtre, une soixantaine l'année dernière" rappelle David Roussel, le maire de la ville. "Mais le phénomène nouveau c'est que cet éboulement a eu lieu près de zones d'activités humaines, près d'habitations."
Des situations "plus précoces" qu'anticipées
Selon les autorités, ces éboulements de plus en plus rapprochés sont liés au réchauffement climatique.
"On a eu un phénomène brutal, qui est dû à un certain nombre de phénomènes que l'on connaît actuellement, des pluies, de la chaleur, donc on a ces phénomènes naturels qu'on ne maîtrise pas, et on arrive à des situations qui sont effectivement beaucoup plus précoces que celles qui avaient pu être anticipées", alerte Gilles Queneherve, sous-préfet du Havre.
7000m3 de falaise en moins à Sainte-Adresse
A quelques dizaines de kilomètres de Fécamp, sur le littoral de Sainte-Adresse, la situation est similaire. Plus de 7000m3 de falaise sont tombés lors d'un éboulement survenu le mois dernier. Sur la falaise, des fissures sont visibles. C'est le signe "d'un décollement des gros blocs de rochers", selon Alain Castel, un habitant passionné de fossiles.
"La base de la falaise est attaquée" notamment par les conditions climatiques que connaît la côte avec "des tempêtes, du vent, du gel, du dégel", explique-t-il.
25 cm de moins tous les ans
Pour tenter d'anticiper les conséquences de ces phénomènes d'éboulement, les autorités tentent d'établir des prévisions sur 100 ans.
"Sachant que ça recule en moyenne sur toute la longueur du trait de côte à peu près de 25 centimètres par an, c'est assez impressionnant mais c'est une moyenne, on se base sur ça pour nos prévisions, ça fait 2m50 sur 10 ans et 25 mètres pour 100 ans", explique Hubert Delabatie, maire de Sainte Adresse.
Après avoir établi ces prévisions, les autorités regardent "s'il y a un danger pour les habitations et les activités économiques", ajoute le maire. Une gestion "au cas par cas", avec des "endroits où on doit consolider et des endroits où on doit reculer".