Rouen: l'institut Simone-Veil porte plainte après un piratage et dénonce des attaques anti-IVG récurrentes

Alors que l'institut Simone-Veil espérait se réjouir d'une "belle avancée" avec le vote du Congrès ce lundi 4 mars pour inscrire l'IVG dans le Constitution, le centre médical de Rouen a été cette semaine victime d'un piratage.
"On a mis quelques jours à s'en rendre compte. Ce piratage réoriente les patientes lors des prises de rendez-vous vers des images" de nature pornographiques, explique Christelle Delaunay, coordinatrice de l'institut, invitée ce jeudi 7 mars sur BFM Normandie.
Des attaques "mesquines"
S'il s'agit de la première fois que le site du centre médical spécialisé dans les interruptions volontaires de grossesse est piraté, l'institut Simone-Veil est régulièrement ciblé par des actions anti-IVG, avec des attaques un peu plus nombreuses ces derniers temps, reconnaît la coordinatrice du centre.
"Ces attaques sont un petit peu en dents-de-scie, on sent que quand l'IVG est d'actualité, ça regorge un petit peu. C'est ce qui nous fait dire que, potentiellement, c'est vraiment volontaire", souligne Christelle Delaunay.
Elle évoque toutefois des attaques qui sont d'ordinaires moins directes, "un peu plus mesquines".
"Il s'agit d'emboliser notre agenda, donc des prises de rendez-vous fictives avec des patientes qui ne viennent pas. C'est un vrai préjudice pour les rendez-vous pour les dames qui en ont vraiment besoin, mais également pour les professionnels de santé qui détachent du temps et qui viennent spécifiquement pour les consultations."
Nos confrères du Parisien rappellent également que la façade du bâtiment avait été taguée en septembre dernier lors d'une visite d'Élisabeth Borne, alors Première ministre.
Si l'institut "ne sait pas qui se cache derrière" le piratage de cette semaine, il a toutefois déposé plainte par le biais de sa présidente et fondatrice, docteure Marianne Lainé. "L'enquête est en cours", confirme Christelle Delaunay sur BFM Normandie.
Le centre traque les faux rendez-vous
À ce jour, l'institut Simone-Veil a dû "créér un autre site" pour continuer de permettre aux patientes de prendre rendez-vous. "Par contre, le premier est pour l'instant toujours actif. Et c'est un peu la question: comment faire en sorte que ce site puisse disparaître?" poursuit Christelle Delaunay.
Depuis son ouverture il y a trois ans, le centre médical a appris à gérer ces attaques anti-IVG, et notamment à repérer les faux rendez-vous pris en ligne. "Avec des noms récurrents, des numéros de téléphone récurrents, où on a la possibilité de voir que ces rendez-vous n'ont jamais été honorés."
La coordinatrice du centre se veut également rassurante pour les patientes: "Même si nos agendas sont embolisés, nos professionnels peuvent dégager du temps, et on a une réactivité qui fait qu'on va pouvoir toujours coller à la demande. C'est un petit peu peine perdue de nous emboliser", soutient Christelle Delaunay.
Un institut "unique en France"
Le site se questionne toutefois sur d'éventuelles modifications de fonctionnement à effectuer pour que les patientes ne soient pas pénalisées par ces attaques récurrentes.
"Pour l'instant, c'est vrai que c'était un point qui n'était pas forcément dans nos priorités, ça va peut-être le devenir par la force des choses. Sous quelle forme, c'est encore en réflexion."
Ouvert en 2021, l'institut Simone-Veil est un centre médical unique en Normandie. "On peut même dire unique en France par son fonctionnement, puisqu'il est dédié uniquement à l'IVG médicamenteuse précoce en ville", rappelle Christelle Delaunay.
Le centre propose une centaine de créneaux de rendez-vous par semaine, aussi bien pour des consultations de médecin ou sage-femme, des échographies ou des rendez-vous psychologiques. "Sachant qu'un rendez-vous n'est pas forcément une IVG", souligne la coordinatrice.
Ce vendredi 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le centre organise des portes ouvertes pour donner au public l'occasion de découvrir "une structure innovante en matière de prise en charge de l'IVG médicamenteuse", indique quant à elle la ville de Rouen.