11 millions d'euros: des élus de Rouen dénoncent le coût "colossal" d'un projet de spectacle de Thomas Jolly pour le 14-Juillet

Le directeur artistique des JO Thomas Jolly le 20 juin 2024 - BERTRAND GUAY
Thomas Jolly, artisan normand des cérémonies d'ouverture et de fermeture des Jeux olympiques de Paris 2024, a présenté le lundi 12 mai aux élus de la métropole de Rouen son projet pour la soirée du 14-Juillet prochain, dans la ville de Seine-Maritime. L'événement, salué par la majorité de Nicolas Mayer-Rossignol, a essuyé une pluie de critiques de la part de nombreux élus d'opposition.
Dans un communiqué, publié sur X ce mardi, Marine Caron, conseillère municipale (Horizons) de Rouen, a dénoncé la méthode employée pour ce projet.
L'élue dénonce un événement pour lequel peu d'informations ont circulé, présenté deux mois avant la fête nationale mais préparé depuis décembre 2024. "Une fois de plus, Nicolas Mayer-Rossignol travaille seul sur des projets pharaoniques, sans même associer les partenaires de sa propre majorité", écrit-elle.
Le spectacle projeté par Thomas Jolly doit durer 1h30 et se dérouler autour du pont Flaubert, de la presqu'île Rollet et de l'esplanade Saint-Gervais. Il devrait intervenir en amont du feu d'artifice. C'est aussi son coût, jugé "colossal", qui cristallise les tensions: 11 millions d'euros, dont 5 millions financés sur fonds publics, 3 millions par la ville de Rouen et 2 millions par la métropole, détaille Paris Normandie.
Cet argent "pourrait être investi pour répondre aux besoins du quotidien tellement prégnants sur notre territoire", déplore Marine Caron.
Un projet qui inquiète les maires
Plusieurs maires de la métropole ont également réagi à ce projet. Le maire (Horizons) de Caudebec-lès-Elbeuf, Laurent Bonnaterre, opposant à Nicolas Mayer-Rossignol, s'est dit sceptique sur l'organisation d'une célébration d'une telle ampleur.
"J'aime beaucoup Thomas Jolly, mais est-ce qu'il faut surfer sur la vague et refaire les JO, je suis très sceptique, d'autant que c'est vraiment beaucoup d'argent. 5 millions, c'est énorme", a-t-il déclaré, dans des propos relayés par Tendance Ouest.
Catherine Flavigny, maire LR de Mont-Saint-Aignan, a fait part de son "inquiétude" durant la réunion organisée ce lundi "en tant que maire devant boucler un budget".
De son côté, Dominique Gambier, ex-maire de Déville-lès-Rouen, prédit: "cinq millions d'argent public alors qu'on tente, par tous les moyens, de faire des économies sur les dépenses publiques ? Les gens vont être révoltés".
La métropole répond
En réaction aux prises de paroles de certains élus faisant suite à la réunion présentant le projet, la métropole de Rouen a déclaré dans un communiqué que "ni le projet, ni le budget ne sont confirmés à ce stade".
Elle précise que "la participation financière de la ville et de la métropole, si le projet se réalisait, serait inférieure à 50% du budget total de la manifestation".
Marie-Andrée Malleville, adjointe au maire en charge de la culture, du patrimoine et du tourisme, rappelle aussi, auprès de Paris Normandie, que tout versement d'argent public implique un vote au Conseil municipal.
Et de contre-attaquer en dénonçant des élus qui "cherchent à exister pour les besoins de leur campagne électorale municipale" et qui "font le choix de mettre en danger un projet dont les retombées pour l'agglomération rouennaise pourraient être exceptionnelles".