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Normandie: plusieurs maires envisagent de raccrocher en 2026 face au poids de la fonction

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Alors que les prochaines élections municipales approchent, plusieurs maires en Normandie déclarent ne pas vouloir se représenter. En cause, un poste de plus en plus exigeant, qui demande un investissement considérable en temps et en énergie.

"Cet été, je ne pars pas". Épuisés par une fonction de maire toujours plus exigeante en énergie et en temps, certains élus de Normandie envisagent de raccrocher l’écharpe tricolore lors des élections municipales de 2026.

"Je viens le samedi, je viens le dimanche. Je viens sur les manifestations de la commune et les vacances, j’en ai pris cinq jours, il y a à peu près 15 jours. Là, je m’octroie un petit peu quatre jours à l’Ascension (...) Il y a toujours des choses à faire en mairie", confie à BFM Normandie Dominique Rousseau, maire (SE) de Bardouville (Seine-Maritime), qui consacre près de 50 heures par semaine à son mandat.

Une fonction de plus en plus lourde

Au niveau national, seuls 42% des maires en poste déclarent vouloir se représenter en 2026 selon une étude du Cevipof. C'est le cas de Dominique Rousseau, qui ressent un épuisement grandissant, confrontés à une multitude de responsabilités.

À Bardouville, commune de 600 habitants, le maire doit jongler avec un budget annuel 450.000 euros pour gérer deux agents municipaux et assurer l’entretien de 50 kilomètres d’espaces verts tout au long de l’année.

"Le budget n’est pas suffisant pour des petites communes comme la nôtre", déclare à BFM Normandie, Dominique Rousseau.

Des problématiques budgétaires qui si sont accompagnées de lourdeurs administratives.

"Il est clair que toutes les réglementations, que ce soit sur le captage d’eau, que ce soit sur l’environnement… Je ne les connaissais pas, donc on découvre au fur et à mesure les dossiers. Et c’est vrai que, comme il y en a quand même une vingtaine ou une trentaine à gérer, on ne peut pas tout connaître", concède l'édile.

"On est un peu quelquefois le confident de la population"

Comme lui, d'autres élus normands ont décidé de raccrocher face à un rôle qui exige de porter plusieurs casquettes, face à une population souvent en attente.

"Souvent, les personnes viennent nous voir pour un problème futile et partagent leur problème personnel. Donc on est un peu, quelquefois, le confesseur, le confident ou le psychiatre de la population", témoigne Jean-Pierre Lhonneur, maire (SE) de Carentan-les-Marais (Manche), en poste depuis 2008.

Son adjoint ayant décliné la succession, une nouvelle figure se prépare à relever le défi. Âgée de 56 ans, Rosine Lesieur, conseillère municipale, pourrait mener une liste en 2026. Elle s’est pleinement engagée en politique depuis deux ans, après avoir mis un terme à ses précédentes activités professionnelles.

"Ça a beaucoup pesé sur la balance, car aux dernières élections je n’ai pas voulu prendre de responsabilité parce que je travaillais encore. Donc voilà, je ne pouvais pas tout gérer. J’ai géré une entreprise pendant longtemps, j’ai géré du personnel. Je me suis dit: 'oui, c’est un gros challenge, vas-y'", affirme-t-elle auprès de BFM Normandie.

La liste est encore en construction et doit comporter 53 noms. Si elle est élue, Rosine Lesieur deviendrait la première femme maire de Carentan-les-Marais.

Solenn Boulant avec Alexandre Simoes