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Mort de Lisa dans l'Eure: pourquoi deux directeurs d'école ont été mis en examen

La balance de la justice.

La balance de la justice. - LOIC VENANCE / AFP

La fillette de trois ans est morte fin septembre après des violences présumées de sa mère et son beau-père. Les directeurs d'école de Lisa et de son grand frère ont été mis en examen pour "non dénonciation de mauvais traitements" sur des mineurs.

Le 24 septembre dernier, la petite Lisa est morte au CHU de Rouen malgré l'intervention des secours au domicile familial à Conches-en-Ouche, dans l'Eure, après des violences présumées de sa mère et son beau-père. La fillette de trois ans portait de multiples hématomes d'âges différents sur "le visage, les quatre membres, le thorax, le dos, le pubis", d'après les dires du procureur de la République d'Évreux, Rémi Coutin.

Près de quatre mois après, l'enquête se poursuit et deux directeurs d'école ont été mis en examen, comme l'a annoncé le procureur ce lundi 15 décembre. Il s'agit de la directrice de l'école maternelle où était scolarisée Lisa et le directeur de l'école primaire où l'était son grand frère de six ans.

La directrice admet ne pas "avoir eu le temps" de faire un signalement

Les deux enseignants, qui avaient été placés en garde à vue le 7 décembre dernier, ont été "mis en examen pour non dénonciation de mauvais traitements sur mineur de moins de 15 ans" et placés sous contrôle judiciaire, toujours selon le magistrat.

Dans ce cadre, la justice a notamment estimé que "ni la gendarmerie, ni la justice, ni les services de l'aide sociale à l'enfance n'avaient été informés" des "violences difficilement soutenables" subies par la petite fille.

"Nous avons estimé, avec le juge d'instruction, qu'il y avait suffisamment d'éléments pour mettre en examen" les deux directeurs d'école concernés, a souligné le procureur d'Évreux.

En garde à vue, la directrice de l'école de la fillette a "reconnu (...) qu'elle s'était dit qu'il fallait faire un signalement mais qu'elle ne l'a pas fait, notamment parce qu'elle n'en avait pas le temps", a ajouté le procureur.

Quant au directeur de l'école du frère de Lisa, il "conteste sa responsabilité", a précisé Rémi Coutin. Tous deux encourent une peine de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

Fin septembre, la mère de la fillette, âgée de 27 ans et son beau-père, âgé de 29 ans, avaient déjà été mis en examen pour meurtre sur mineur et incarcérés. L'enquête judiciaire doit désormais éclaircir les responsabilités respectives de la mère et du beau-père de la victime mais également des tiers qui auraient pu avoir connaissance des violences subies par les enfants et manqué de les dénoncer.

"On ne veut pas être les seuls désignés coupables de la mort de Lisa"

Les syndicats d'enseignants ont vivement dénoncé la décision de la justice de mettre en examen les deux directeurs d'école. "Dans ce cas précis, cette directrice d'école est sans décharge et cela s'est passé au moment de la rentrée (scolaire) de surcroît (...) Il y a une responsabilité de l'institution qui ne donne pas les moyens aux directeurs de faire leur travail", a réagi auprès de l'AFP Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire.

"Nous avons le sentiment que nous sommes responsables de tout et que tous les maux de la société sont entre nos mains. Quand quelqu'un veut être directeur d'école, il sait qu'il a des responsabilités. On veut les prendre mais on ne veut pas être les seuls désignés coupables de la mort de Lisa", a de son côté fustigé Thierry Pajot, secrétaire général du syndicat des directrices et directeurs d'école, au micro de BFM Normandie.

Ce dernier assure que la directrice d'école avait voulu faire un signalement, mais qu'elle "n'en a pas eu le temps", et réclame une formation pour reconnaître les maltraitances sur les enfants.

Fanny Rocher avec AFP