"J'ai tout perdu": une ancienne infirmière contrainte de dormir dans sa voiture à Gouville-sur-Mer

Odile Popineau, ancienne infirmière, est contrainte de dormir dans sa voiture depuis trois semaines, faute de logement. La vie d'Odile a basculé en 2015 après une agression chez un patient.

"Je mets mes sacs sur la partie conducteur et je m’allonge de l’autre côté". Odile Popineau, son chien et son chat cohabitent depuis la fin du mois de mars dans la voiture de la sexagénaire à Gouville-sur-Mer (Manche). Dans cet espace sommaire, l’ex-infirmière conserve le peu qu’il lui reste.

La vie d’Odile Popineau a basculé en mai 2015. Alors infirmière libérale à Lessay (Manche), la professionnelle de santé est violemment agressée chez un patient.

"Il m’a coincée entre deux portes dans un tout petit espace, explique-t-elle à BFM Normandie. Il m’a fait mordre les deux jambes par ses chiens."

Odile Popineau souffre alors d’importantes morsures. “J’étais couverte de sang”, se remémore-t-elle. Après l'agression, elle estime ne pas avoir été suffisamment prise en charge à l’hôpital. "Ils ne m’ont pas fait de prise de sang, ils ne m’ont pas considérée comme une victime alors que j’étais choquée", affirme l’ex-infirmière. D'après elle, l'une de ses séquelles est l'anémie dont elle a souffert pendant près de quatre ans après l'agression.

"J'ai été redressée et liquidée"

En dépit du choc, Odile Popineau poursuit son activité. Mais la descente aux enfers s'est enclenchée. "Je n’arrivais plus à suivre au niveau du travail, notamment pour les papiers, explique Odile Popineau à BFM Normandie. J’ai été redressée et liquidée."

Au fil des mois, "je me suis sentie abandonnée par la société, poursuit l’ex-infirmière. J’ai tout perdu." Elle trouve du réconfort auprès de son père. "Il m’a aidée comme il a pu, mais il est décédé depuis", rapporte-t-elle.

S'ensuit une enfilade d'événements. Odile Popineau quitte son logement. Avec pour seul argent, le revenu de solidarité active, la sexagénaire ne trouve aucun toît.

"Comme je n’ai pas trouvé de location, ma sœur m’a prise six mois dans sa petite dépendance", raconte Odile Popineau qui pensait avoir trouvé une nouvelle solution plus durable auprès d’un ami.

Les aléas en décident autrement, et elle se retrouve désormais depuis cinq mois à dormir dans sa voiture, dans un premier temps garée dans la rue. "Puis le maire de Gouville-sur-Mer m’a convoquée à la mairie pour parler de mes soucis et me mettre en sécurité au camping municipal", explique l’ancienne infirmière.

"C'est entièrement ma maison"

Désormais, sa voiture stationne sur l’emplacement qui lui a été attribué. "J’ai un badge pour entrer et sortir, et j’ai accès aux douches avec de l’eau bien chaude", sourit Odile Popineau qui conserve son large sourire.

Sa voiture, "c’est entièrement ma maison, souffle-t-elle. C’est bien moins pratique. Je ne peux plus me faire la cuisine, c’est difficile", note Odile Popineau qui saute certains de ses repas.

"Physiquement je fatigue, c’est très dur mais je tiendrais, je suis obligé tant que je n’ai pas de location. J’attends qu’on me trouve une location longue."

Aujourd’hui, elle s’offre un café de temps à autre à Gouville-sur-Mer avec son amie Paulette pour chasser le quotidien. "On peut pas pas faire grand chose nous à notre niveau. On peut mais pas forcément ce qu'il faut", reconnaît Paulette.

S'occuper de ses animeaux

Odile voue aussi ses journées à ses animaux pour lesquels elle se rend à La cantine des Patounes de Coutances, les restos du cœur des animaux. Malgré tous ses efforts, son compagnon à quatre pattes souffre de la situation.

"Il faut vraiment s’en occuper rapidement car je pense qu’il ne va pas durer longtemps, craint Corinne Gester, présidente de l’association La cantine des Patounes, en analysant le compagnon à quatre pattes de l’ancienne infirmière. Elle est d’une maigreur affligeante."

Odile Popineau, elle, ne perd pas espoir. Et espère trouver un toit où vivre avec ses compagnons: son chat et son chien.

Mathilde Calloc’h et Charlotte Lesage