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Intrusion à la centrale de Flamanville: des amendes requises contre 15 militants de Greenpeace

Des millitants de Greenpeace enchaînés à un trépied bloquent une entrée du chantier de l'EPR de Flamanville le 31 mars 2022.

Des millitants de Greenpeace enchaînés à un trépied bloquent une entrée du chantier de l'EPR de Flamanville le 31 mars 2022. - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP

Le procès de 15 militants de Greenpeace, qui s'étaient introduits sur le site de l'EPR de Flamanville en mars 2022, s'est ouvert ce mardi 9 avril. Des amendes de 500 à 800 euros ont été requises par le procureur.

Quinze militants de Greenpeace France, dont son directeur général Jean-François Julliard, se sont vus réclamer des peines d'amende mardi devant le tribunal de Cherbourg pour s'être introduits sur le site de l'EPR à Flamanville (Manche) et l'avoir bloqué en 2022.

Le procureur de la République de Cherbourg Pierre-Yves Marot a requis 30.000 euros d'amende à l'encontre de la personne morale de Greenpeace France et demandé au tribunal de réfuter l'argument de la liberté d'expression, sinon ce sera, selon lui, "open bar" pour le blocage de toutes les centrales nucléaires.

Il a également réclamé 800 euros d'amende contre les intrus, et 500 euros contre les bloqueurs car "les normes communes de la société n'ont pas été respectées".

Une entrée bloquée durant plus de sept heures

Le 31 mars 2022, huit militants, porteurs de combinaisons blanches siglées "Greenpeace" avaient bloqué pendant plus de sept heures l'une des entrées de la centrale de Flamanville (Manche) du côté du chantier du réacteur nucléaire EPR.

Sept autres s'étaient introduits sur le site à l'aube en sautant le grillage avec une échelle en portant des banderoles "No fossil fuel, no nuclear for peace" et "Nucléaire : Macron irresponsable".Ils souhaitaient "dénoncer l'irresponsabilité" des candidats pro-nucléaires à quelques mois de l'élection présidentielle.

Mardi devant le tribunal, le dernier prévenu à la barre a eu la même introduction que ses camarades: "J'y étais, j'ai participé volontairement à cette opération, je ne sais pas qui l'a organisée, mon but était de dénoncer l'absence de débat démocratique dans la relance du nucléaire français décidée par Emmanuel Macron seul".

Jean-François Julliard, jugé à la fois en tant qu'intrus et comme directeur de Greenpeace, a assumé au nom de son organisation être à l'origine de l'opération.

EDF réclame près d'un million d'euros de préjudice

Les prévenus ont tous qualifié cette action médiatisée de "désobéissance civile pacifique". EDF leur réclame près d'un million d'euros au titre du préjudice moral et des heures de travail perdues à cause du blocage.

Thibault de Montbrial, l'avocat d'EDF, partie civile à ce procès, a demandé à ce que Greenpeace "réponde de ses actes" car selon lui les "infractions continueront s'il n'y pas de condamnation". Il a déclaré en être à son quatrième dossier d'intrusion, contre l'association.

Greenpeace "mène son action de chien de garde de la démocratie", a plaidé l'avocate de la défense, Marie Dosé. "Demander 500.000 euros de préjudice moral, c'est de la dissuasion", a-t-elle estimé, fustigeant une procédure "punitive" car "aucune pièce ne permet de démontrer quel salarié a été empêché de travailler". "De qui se moque-t-on ?", a-t-elle lancé.

Cette action était intervenue quelques semaines après le discours de Belfort du président Emmanuel Macron, qui avait annoncé le 10 février 2022 la construction de six nouveaux réacteurs EPR.

"Le discours de Belfort m'a beaucoup inquiétée, le nucléaire n'est pas encore prêt à répondre à l'urgence climatique", a déclaré l'une des prévenues à la barre. Son ambition était "d'alerter sur cette situation parce que personne ne le faisait", a-t-elle expliqué.

Décision rendue le 14 mai

Une quarantaine de personnes s'étaient rassemblées devant le tribunal judiciaire en début de matinée pour soutenir les prévenus, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Il n'y a pas de débat démocratique informé, étayé, éclairé" sur la politique énergétique de la France, a appuyé M. Julliard, lors de cette audience transformée en tribune contre la politique énergétique française.

"Personne n'a accès au coût réel, aux risques de la relance du nucléaire qui engage la France sur un siècle ou plus entre la construction, l'exploitation et le démantèlement" de nouveaux réacteurs, a-t-il affirmé.

Pour M. Julliard, "le but d'aller vers une électricité peu chère et décarbonée ne sera pas atteint, les réacteurs nucléaires voulus par Emmanuel Macron n'arriveront pas avant 2040-2045, ce sera trop tard".

La décision du tribunal sera rendue le 14 mai.

M. F. avec AFP