Immeubles "Verre et Acier" à Rouen: un symbole architectural inadapté face aux incendies

Le feu est désormais éteint dans le quartier Saint-Julien à Rouen, où deux immeubles ont été détruits par les flammes ce week-end. Des immeubles "Verre et Acier" construits entre 1968 et 1970 par l'architecte Marcel Lods et dont l'histoire est déjà bien mouvementée.
À l'époque, ce sont des immeubles faciles à monter avec une structure métallique et des matériaux légers. C'est le symbole de l'architecture innovante des 30 Glorieuses. Comme beaucoup de grandes villes ayant besoin de loger rapidement les classes ouvrières, Rouen créé des complexes de ce type dans les quartiers Saint-Julien et à la Grand'Mare.
"Dans dix ans, ce qui est offert aujourd'hui ne sera pas complètement démodé", pouvait-on entendre dans un film promotionnel qui raconte la conception de l'ensemble immobilier connu sous le nom de "Verres et Acier" dans le quartier de la Grand'Mare.

Au fil du temps, le rêve de modernité s'est pourtant transformé en cauchemar. En quarante ans, huit personnes sont mortes dans des incendies d'immeubles Lods à Rouen.
Plusieurs incendies mortels
Dans les textes présentés par les équipes de conception des immeubles Verre et Acier, la question de l'incendie est totalement absente. Le permis de construire a été obtenu, le 13 septembre 1967, sans consultation préalable des Services d'Incendie et de Secours, rappelle un rapport du ministère de l'écologie rendue en 2011 sur l'avenir de ces logements.
En 1981, à la cité de la Grand'Mare, un premier incendie mortel, ayant fait deux victimes, est recensé. Il fait suite à un important feu en 1975, ayant ravagé tout l'étage d'un de ces immeubles, sans faire de morts. Des travaux sont alors décidés et réalisés pour mieux protéger ces bâtiments.
Mais 20 ans plus tard, ces immeubles connaissent une répétition de drames. En 2001, dans les immeubles Verre et Acier de la rive gauche, un incendie fait un mort. Puis, en 2006, deux personnes meurent dans un autre feu.
Un risque d'incendie "plus élevé"
Enfin, en 2011, la cité de la Grand'Mare se retrouve endeuillée à deux reprises, à quelques mois d'intervalles seulement. En mars de cette année, un premier incendie fait un mort, puis en juillet, deux fillettes sont tuées dans un nouveau feu. Il s'agit du dernier incendie mortel dans ces immeubles.
"J'exige de savoir quelle est la capacité de résistance au feu de ces immeubles Verre et Acier", réclamait à l'époque Valérie Fourneyron, maire de Rouen de 2008 à 2012. D’autant plus que s'ajoutent à ces incendies mortels, d'autres drames dans des immeubles du même type, construits dans d'autres villes, notamment en Seine-Saint-Denis.
Dans le rapport du ministère de l'écologie rendu en août 2011, quelques semaines après la mort des deux filles à Rouen, il est écrit: "Il semble bien que le risque incendie est nettement plus élevé dans les immeubles Lods que dans le parc moyen français".
Encore un immeuble habité à la Grand'Mare
Face au risque représenté par ces immeubles, les autorités ont alors décidé de les démolir ou de les rénover. Certains sont toutefois simplement restés non habités.
C'est le cas d'un immeuble de cité de la Grand-Mare où un incendie s'est déjà déclaré début septembre, quelques semaines avant celui des immeubles de la rive gauche.
"Celui-là devait être rénové mais comme il a été incendié... C'est fini ça, c'est plus d'époque", explique un riverain au micro de BFM Normandie.
Un autre habitant explique "ne pas être étonné" et se doutait qu'un jour "il y aurait un feu". Il juge que la municipalité aurait dû démolir ces immeubles.
Seul un immeuble Verre et Acier continue d'être habité à la Grand'Mare. Mais l'immeuble a été réhabilité aux normes de sécurité.