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"Il était en train de gémir": une riveraine témoigne après la mort du jeune tué par une policière à Cherbourg-en-Cotentin

Un abris bus a été endommagé dans la nuit du 10 au 11 juin à Cherbourg (Manche), lors de tensions après la mort d'un jeune de 19 ans, tué par le tir d'une policière.

Un abris bus a été endommagé dans la nuit du 10 au 11 juin à Cherbourg (Manche), lors de tensions après la mort d'un jeune de 19 ans, tué par le tir d'une policière. - Bfm Normandie

Sarah, habitante du quartier où est mort Sulivan dimanche, raconte au micro de BFM Normandie les événements qu'elle a vus depuis chez elle. Selon elle, tout s'est passé extrêmement rapidement.

"On a vu le petit jeune par terre." Depuis la fenêtre de son appartement, Sarah affirme avoir tout vu de la mort de Sulivan. Ce jeune homme de 19 an, a été tué par le tir d'une policière dimanche 9 juin alors qu'il tentait de fuir à pied un contrôle de police à Cherbourg-en-Cotentin.

Alors que trois agents de police tentent de contrôler un véhicule roulant à une vitesse excessive, en vain, ses passagers sortent pour s'enfuir à pied. L'un d'eux, Sulivan, se trouve face à deux policiers. Le jeune homme bouscule l'un des agents avant de prendre la fuite. À ce moment-là, le fonctionnaire utilise un pistolet à impulsion électrique tandis que l'autre policière fait usage de son arme à feu, le touchant mortellement au niveau de la poitrine.

Des faits qui se sont déroulés vers 23h40, sous les yeux de plusieurs témoins dont Sarah. "On a entendu les sirènes, ensuite les crissements de pneus. On a entendu les policiers dire 'arrête-toi' et au même instant le coup de feu", rapporte-t-elle au micro de BFM Normandie.

"On a compris que c'était un coup de feu donc on est partis en courant dans la cuisine et on a regardé (par la fenêtre)." D'après cette riveraine, les agents de police ont "malmené" le jeune homme après ce coup de feu, notamment avec des insultes comme "ferme-là" et "ferme ta gueule".

"Je pensais qu'il avait son arme"

"Le petit était en train de gémir. Nous, on l'entendait gémir. On s'est dit que c'était allé trop loin", insiste Sarah. "Ils se sont rendus compte un peu après qu'il n'était pas bien, et c'est là qu'ils ont commencé à lui demander 't'as mal où?'."

"Le petit a commencé à tomber dans les pommes, donc ils lui ont répété 'reste éveillé'. Il était menotté, donc ils l'ont démenotté", continue-t-elle de raconter. Les policiers ont ensuite appelé les secours.

Selon Sarah toujours, le premier agent a également questionné sur place le choix de sa collègue d'avoir fait usage de son arme à feu. "Le policier l'a regardé et lui a dit 'pourquoi, pourquoi tu as tiré?' et elle a répondu "merde, je pensais qu'il avait son arme et en fait c'était un téléphone".

Un enchaînement d'événements qui s'est passé "hyper rapidement", rappelle Sarah. "Entre le 'arrête-toi' et le coup de feu, il n'y a pas eu de temps de réflexion", assure la riveraine.

Une marche blanche organisée

La policière à l'origine du tir mortel a été mise en examen pour meurtre mardi 11 juin et a été placée sous contrôle judiciaire.

Le conducteur du véhicule dont s'était échappé Sulivan a quant à lui écopé de huit mois de prison pour recel et défaut de permis ce mercredi 12 juin. Il a "reconnu l'ensemble des faits et accepté la peine proposée, une peine aménageable de huit mois de prison et une interdiction de séjour à Cherbourg", a déclaré le procureur de cette ville, Pierre-Yves Marot, à l'AFP.

Une marche blanche a eu lieu ce mercredi après-midi en hommage à Sulivan. Selon la préfecture, près de 600 personnes ont défilé dans les rues de la ville.

Aubert Guinamard, avec Juliette Moreau Alvarez