Faute de clients, la tournée de pain menacée dans certains villages normands

Au volant de sa camionnette, Nathalie appuie sur le klaxon. "Je sais qu’il ne faut pas en ville sauf que j’en profite car j’ai le droit", indique la Normande à Tanguy de BFMTV. Du mardi au dimanche, elle parcourt une dizaine de kilomètres entre les différents villages normands pour livrer du pain, des viennoiseries et le journal.
Mais aujourd’hui, cette tournée, en place depuis trente ans, est menacée à Saint-Victor-l'Abbaye (Seine-Maritime) faute de clients suffisants. "Il faudrait que de nouveaux se présentent auprès de Nathalie", détaille Astrid Blondel, boulangère.
"Elle est très gentille"
La boulangerie ambulante avait cartonné pendant le Covid-19, mais aujourd’hui les recettes ne suivent plus. Nathalie, aux manettes de la camionnette blanche depuis maintenant cinq ans, se laisse jusqu’en janvier prochain, le temps de faire un bilan financier, pour prendre la terrible décision: rester ou partir.
Dans les petits villages excentrés normands, Nathalie est toujours très attendue par les clients fidèles. "La boulangerie est assez loin, rapporte un client. Les gens qui ne peuvent pas se déplacer ont un service pratiquement de proximité. Elle est très gentille."
Pour certains, Nathalie n’est pas uniquement celle qui ramène la baguette du jour. Des confidences s’échangent dans l'entrebâillement des portes de la fourgonnette.
"J’ai plusieurs fonctions on va dire. Je suis vendeuse, je suis assistante sociale, je suis plein de choses à la fois", rapporte-t-elle. "Et cette pommade, est-ce que vous croyez que ça suffit", a déjà demandé un client à Nathalie.
Au fil des années, la confiance s’installe, les habitudes aussi. Le vendredi, c’est chocolat pour Nathalie. "C’est ma petite récompense", sourit-elle. Une gourmandise que Nathalie s’empresse de ranger côté conducteur. "Je la mets devant comme ça pendant la tournée, je grignote un peu."
"Je fais mon boulot sans avoir l'impression de travailler"
Ce jour-là, la vendeuse est allée à Grigneuseville, Beaumont-le-Hareng et La Crique. "Je fais mon boulot sans avoir l’impression de travailler", affirme-t-elle le sourire aux lèvres.
Pour sauver cette tournée quasi quotidienne et les petites habitudes nouées au fil du temps, Astrid Blonde, boulangère qui confectionne le pain, lance un petit appel à la plus fidèle des clientèles.
"Un croissant en plus par semaine ou un pain au chocolat ou même une petite pâtisserie de temps en temps, automatiquement, la tournée pourra survivre des années", affirme-t-elle.