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Évreux: deux ans de prison avec sursis pour l'ex-conjoint d'une femme qui s'est suicidée

Le tribunal d'Evreux - Image d'illustration

Le tribunal d'Evreux - Image d'illustration - Google StreetView

Le tribunal judiciaire d'Évreux a condamné un homme d'une cinquantaine d'années à 24 mois de prison avec sursis pour violence envers son enfant et son ex-conjointe qui s'est suicidée en 2023.

Un quinquagénaire a été condamné jeudi 24 avril par le tribunal judiciaire d'Évreux à 24 mois de prison avec sursis et obligation de soins pour violences envers son enfant et son ex-conjointe qui s'était suicidée en 2023.

Astrid M. avait mis fin à ses jours le 22 juin 2023 après 15 ans de vie commune où elle se sentait "piégée". Le délit de "suicide forcé" n'a toutefois pas été retenu par le parquet.

"Le lien de causalité doit être certain et direct entre le harcèlement et le suicide", a expliqué durant l'audience le substitut du procureur de la République d'Évreux Théo Touzeau.

Un délit créé en 2020

Depuis 2020, le délit de "suicide forcé" punit de dix ans d'emprisonnement et de 150.000 euros d'amende le harcèlement par conjoint ou ex-conjoint ayant conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider.

"Dans ce cas, il y avait un doute et il profite à l'accusé, c'est pourquoi le ministère public n'a pas retenu le harcèlement ayant conduit au suicide, qui est d'origine multifactorielle", avait poursuivi le parquetier, "ce qui ne veut pas dire que Fabien A. ne doit pas répondre des violences qui sont avérées dans ce dossier".

"Pourquoi il ne part pas?"

Pour Audrey Chefneux, avocate de la sœur et de la mère d'Astrid M., les violences psychologiques toujours, physiques parfois, de "l'homme de sa vie" avaient "éteint" la victime: "pourquoi il ne part pas ? Cette domination, ce sentiment de toute puissance, ça le valorise. Elle n'était pas dépressive. Il l'a éteinte" a-t-elle plaidé.

"Elle a été brisée dans son estime d'elle-même par un homme qui lui disait qu'elle était un sac à merde, elle a été rabaissée, dénigrée, violentée sous les yeux de son enfant" a insisté Me Chefneux. "Elle n'est plus là aujourd'hui, les mots laissent des traces".

La plateforme associative "Mémo de vie"

Ces mots Astrid M. les avait écrits dans une lettre d'adieux, photographiée avant d'être détruite par erreur par la gendarmerie, mais aussi et surtout sur la plateforme "Mémo de vie" pendant plusieurs années.

"Mémo de vie" est une plateforme associative qui permet de consigner dans un espace sécurisé documents et témoignages racontant des violences subies quotidiennement.

"Si l'on s'engage sur cette pente glissante de croire tout ce que disent les femmes, notre société va avoir beaucoup de problème", a pour sa part estimé Karine Alexandre, l'avocate du prévenu, "tous les hommes de France devraient trembler, c'est une exagération extrême des faits vécus et ressentis par Astrid M."

F.Ba avec AFP