Eure: de nouvelles analyses pour tenter de trouver une origine aux cancers pédiatriques à Pont-de-l'Arche

Seize cas de cancers pédiatriques ont été recensés depuis 2018 à Pont-de-l'Arche et Igoville, dans l'Eure. Des chiffres alarmants que l'association Cancers, la vérité pour nos enfants tente de comprendre depuis plusieurs années.
Créée par trois mamans d'enfants malades, l'association lutte pour trouver la cause de ce cluster de cancers pédiatriques, dont le nombre est cinq à six fois supérieur à la moyenne nationale.
Si l'ARS a ouvert une enquête sur les 11 premiers cas de cancers recensés dans le secteur entre 2017 et 2019, elle a annoncé à l'association n'avoir trouvé "aucun facteur environnemental commun" pouvant laisser penser qu'une cause environnementale est à l'origine de ces maladies.
Depuis, l'association continue son combat. Dans le secteur d'Igoville tout comme celui de Pont-de-l'Arche, de nombreuses industries sont installées. Selon l'association Cancer-La Vérité pour nos enfants, ce sont ces usines qui pourraient être responsables de ce cluster.
"Le but, c'est d'éliminer certaines entreprises grâce au fait qu'on ne trouve pas de traces de leur pollution, et peut-être de confirmer avec d'autres, justement, ce que l'on va pouvoir trouver", explique Charlène Bachelet, présidente de l'association et mère d'une petite fille de 10 ans atteinte d'un cancer.
Un niveau de plomb "pas loin du seuil"
L'association Cancers, la vérité pour nos enfants a mené de nouvelles analyses de l'eau, très attendues par les familles des enfants malades, dont les résultats ont été publiés vendredi 18 octobre.
"Les chiffres ne sont pas alarmants, c'est plutôt correct, mais on voit par contre qu'au niveau du plomb, on n'est quand même pas loin du seuil dans l'eau de pluie de Pont-de-l'Arche", note Charlène Bachelet.
Le taux est en effet assez élevé, avec 7,3 microgrammes de plomb par litre dans la commune euroise, pour un seuil fixé à 10 microgrammes par litre. Lors de précédentes analyses, du plomb avait déjà été retrouvé dans les cheveux des enfants malades.
En juin, l'association avait analysé cette fois-ci l'eau du robinet des deux communes. L'eau qui alimente une partie de Pont-de-l'Arche est puisée depuis un site de forage situé en plein cœur de la forêt de Bord-Louviers.
"Sur ce forage-là, parce qu'on a la chance d'être en pleine forêt, on n'a jamais eu de critères non conformes", assure Yann Le Fur, vice-président de l'agglomération Seine-Eure en charge du cycle de l'eau.
Et d'ajouter: "L'eau est le produit de consommation le plus contrôlé, donc c'est l'ARS qui nous impose un certain nombre de critères en appui avec l'Agence nationale de santé.
L'inquiétude des habitants
L'association est soutenue par de nombreux habitants de la zone, mais aussi par l'ASL, l'Association des sinistrés de Lubrizol. Les pouvoirs publics sont aussi aux côtés de l'association euroise, et ils s'interrogent tout autant sur le nombre de cancers pédiatriques très élevés.
"Des familles m'ont clairement demandé s'il fallait qu'elle quitte Pont-de-l'Arche, si je pensais que c'était dangereux de vivre ici", confie le maire Richard Jacquet à BFM Normandie.
Il ne cache pas son inquiétude. "On a tous des enfants autour de nous et évidemment que nos enfants sont touchés." Parmi les 16 cas de cancers pédiatriques recensés au total, certains enfants n'ont pas survécu.
De nouvelles analyses de l'eau de la Seine et de l'Eure sont prévues par l'association ces prochaines semaines. Les recherches se poursuivront avec une étude des sols du secteur.