Eure: 80 ans après sa fermeture, la filature Levavasseur va renaître de ses cendres

150 ans après l'incendie qui a ravagé le bâtiment principal, la filature Levavasseur va renaître grâce à des travaux prévus par le département. Le lieu, unique en Europe, deviendra accessible au public.

Les ruines d'un bâtiment unique vont renaître de leurs cendres, un siècle et demi après un incendie destructeur. Le département de l'Eure, avec l'aide de la Fondation du Patrimoine, va investir deux millions d'euros pour remettre en état la Filature Levavasseur à Pont-Saint-Pierre.

Cathédrale industrielle de style néogothique, le site a abrité des filatures textiles (de laine et de coton) et des usines hydrauliques durant plusieurs décennies.

"La vallée de l'Andelle est très industrialisée au 19e siècle. La filature qui se tient ici est un des sites qui fait vivre le territoire, puisque de nombreux ouvriers y travaillent", raconte à BFM Normandie Catherine Herr-Laporte, cheffe de projet pour la valorisation du patrimoine culturel de l'Eure.

Dans les meilleures années de la filature, plus de 150 employés transformaient ici les ballots de coton en fil afin de les vendre sur le marché normand.

Ravagée par un incendie en 1874

Mais en 1874, la filature-cathédrale est ravagée par les flammes qui détruisent presque entièrement l'usine. L'activité de la filature se limite alors dans une annexe beaucoup plus petite, qui finira elle aussi entièrement détruite après un nouvel incendie en 1946, marquant la fermeture du lieu, comme le raconte le site de la filature.

Le violent incendie, probablement provoqué par l'effet de loupe des vitraux sur le coton stocké dans les combles, laisse la cathédrale dans un état de ruines. Après près de cinquante années de délabrement, une première opération de sauvegarde (consolidation, défrichement...) est engagée en 1995.

Quatre ans plus tard, le Conseil général de l'Eure acquiert le site. En 2021, le département, qui désire ouvrir les lieux aux visiteurs, sollicite la Fondation du Patrimoine pour recevoir un financement. Celui-ci lui est accordé quelques mois plus tard.

"Il va y avoir des diagnostics complémentaires qui vont nous permettre de connaître l'étendue des travaux nécessaires. Ils commenceront d'ici la fin de l'année 2024", explique aujourd'hui Catherine Herr-Laporte à BFM Normandie.

Le montant des travaux est actuellement estimé à deux millions d'euros. Pour rénover ce bâtiment unique situé sur un site très complexe, le département compte s'appuyer sur des artisans locaux.

Un avenir probablement artistique

"L'année prochaine on va engager les travaux de mise en sécurité, qui sont le préalable absolu pour l'ouvrir davantage au public et organiser plus d'évènements de manière plus simple", détaille Alexandre Rassaërt, président du Conseil départemental.

Particulièrement prisée par des artistes, la Filature Levavasseur pourrait accueillir des tournages et devenir un réel centre culturel. "Les artistes sont extrêmement inspirés par les lieux, ont beaucoup d'idées. On veut un peu détonner et ne pas avoir juste une restauration du patrimoine où on se contente de raconter l'histoire du site (...), mais l'animer avec des choses actuelles", poursuit Alexandre Rassaërt.

De leur côté, les habitants de Pont-Saint-Pierre attendent avec impatience de pouvoir visiter ce lieu d'exception présent sur le territoire de leur commune, jusque-là inaccessible. "Avec l'abbaye de Fontaine-Guérard ça va forcément amener beaucoup de touristes et aussi beaucoup d'habitants qui demandent des visites de ce lieu emblématique", assure Aline Bachelet, vice-présidente de la CDLAC.

Le 20 avril, un rallye automobile accueillant plus de 70 véhicules et 150 participants s'arrêtera au niveau de la filature.

Paul Sabio avec Mathias Fleury