Une "peine plus humaine": à Marseille la justice veut multiplier les travaux d'intérêt général

Tribunal de Marseille - GERARD JULIEN / AFP
À Marseille, il faut au moins doubler le nombre de places pour accueillir des personnes condamnées à des travaux d'intérêt général, une peine "vecteur de dignité" et facteur de réinsertion, ont plaidé mardi des responsables judiciaires et pénitentiaires.
Créés en 1983, les "TIG" sont la troisième peine dans l'échelle des sanctions après la prison et la détention sous bracelet électronique, en fonction de la nature et de la gravité du délit. Les personnes effectuent un nombre d'heures de travail dans des collectivités mais aussi à l'hôpital ou dans des entreprises d'économie sociale et solidaire aidant les plus démunis.
"Elle nécessite le consentement du condamné car en France, il n'y a pas de travaux forcés", a insisté Olivier Leurent, président du tribunal judiciaire de Marseille, le troisième de France après Paris et Bobigny.
"Une peine qui inclut plus qu'elle n'exclut"
"C'est une peine qui inclut plus qu'elle n'exclut", a souligné le directeur interrégional des services pénitentiaires de Marseille Thierry Alves, en rappelant que pour des gens éloignés du travail, elle permet de reprendre des réflexes professionnels.
À Marseille, "il faut doubler, tripler, quadrupler le nombre de postes de TIG", a-t-il plaidé. La deuxième ville française ne compte qu'une centaine de places alors qu'environ 360 peines de ce type doivent être exécutées, a rappelé M. Leurent.
"Le TIG est une peine très importante pour nous, a souligné la procureure de Marseille Dominique Laurens, parce qu'elle s'inscrit dans un processus permettant de resocialiser la personne" et le bilan montre "un succès". Elle a espéré que la palette des travaux proposés se diversifie alors que des expériences sont lancées dans le domaine environnemental et la sécurité routière.
Les responsables judiciaires appelent les entreprises et collectivités à accueillir des TIG
Mais pour éviter que les 46 structures -restaurant caritatif, bailleurs sociaux, marins-pompiers etc..- accueillant actuellement des TIG à Marseille ne s'essoufflent, d'autres collectivités ou entreprises ayant des missions de service public doivent s'engager, ont plaidé ces responsables. D'autant que le travail des tuteurs qui les encadrent est essentiel mais implique un très fort engagement.
Pour Alphonse Basse, un tuteur encadrant une personne en TIG chez un bailleur social, la mission en vaut la chandelle: "J'ai grandi dans une cité, je sais que des jeunes peuvent faire des erreurs. On ne minimise pas l'acte avec un TIG mais on tend la main à la personne et on peut l'aider à se relever".
"Cela rend la peine plus humaine", poursuit-il. Le président du tribunal évoque lui un "vecteur de dignité".