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Soupçons de dissimulation de violences policières: ce que l'on sait de la suspension de huit agents à Marseille

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Huit agents de la police municipale de Marseille ont été suspendus dans l'affaire des soupçons de violences policières qui auraient été couvertes par le centre de supervision urbain.

La ville de Marseille a annoncé, ce mardi 4 juin, la suspension de huit agents, dont quatre policiers municipaux, après la révélation au mois de mai, par BFMTV, de dissimulation de violences policières par le Centre de supervision urbain (CSU).

• Des violences policières dissimulées

Au cœur de ces révélations, le témoignage de Sébastien Florenti, un ancien opérateur vidéo en fonction pendant cinq ans au Centre de supervision urbain de Marseille. C'est le lieu qui contrôle et centralise les caméras de surveillance situées sur la voie publique.

En mai 2023, cet agent aperçoit un homme, visiblement ivre, être battu par des policiers. "On les voit donner des coups à un individu. L'individu tombe au sol et un second policier va lui remettre des coups", raconte-t-il.

D'un coup, la caméra change brusquement d'angle afin de ne pas filmer la scène. "On a [un agent du] CSU, qui au lieu de surveiller des faits, prend le contrôle de la caméra et va la braquer ailleurs", dénonce-t-il au micro de BFMTV.

"Ce sont des violences policières. Et les agents du CSU cautionnent. Moi, je ne veux pas cautionner cette mafia", poursuit-il en soulignant que toute la police municipale marseillaise "est gangrenée comme ça".

• Harcelé, l'agent dépose plainte

Depuis novembre 2023, l'agent est en arrêt maladie. Il a porté plainte pour harcèlement contre certains de ses collègues et affirme avoir été "humilié" publiquement par son supérieur. "Ils ont essayé et ils ont réussi à me faire sortir du CSU", regrette-t-il.

Sébastien Florenti a également dénoncé, auprès de BFMTV, le manque de sérieux de nombreux agents. "Vous en avez beaucoup qui ne travaillent pas (...) ils jouent aux cartes, ils font du karaoké, ils regardent des films ou des émissions de téléréalité."

Face à ces accusations, la ville de Marseille avait annoncé à BFMTV qu'une enquête administrative "menée par un cabinet d’expertise externe" avait été lancée "permettant d’examiner précisément la situation".

Pour autant, la municipalité a aussi pointé du doigt le fonctionnaire qui avait fait l'objet de "plaintes déposées en interne" après des "agissements agressifs à l’égard notamment de ses collègues féminines". Son avocat avait indiqué à BFMTV qu'il conteste les faits qui lui sont reprochés.

Michel Choukri, secrétaire général Force ouvrière (FO) de la police municipale de Marseille, avait reconnu le caractère "choquant" de l'extrait vidéo dévoilé. Mais, il a reproché à Sébastien Florenti d'avoir dénoncé les faits en guise de représailles après un double échec au concours interne de la police municipale.

• La ville reconnaît "des faits graves"

À la suite de révélations ce samedi 1er juin par La Provence de nouvelles informations basées sur des enregistrements audio, la ville de Marseille a annoncé la suspension de huit agents en fonction à la police municipale et au CSU, dont Sébastien Florenti.

La ville indique que ce dernier a diffusé des vidéos et des audios "en dehors de tout cadre légal". Une plainte a également été déposée à son encontre pour diffusion d'images confidentielles. L'agent se trouve désormais suspendu le temps de l'enquête.

Par ailleurs, la municipalité dénonce, face à la révélation des faits de dissimulation de violences policières, des éléments "inacceptables" et "choquants", qui "nécessitent que la lumière soit faite dans les meilleurs délais pour identifier les responsabilités".

La ville ajoute, dans un communiqué, que "l'enquête administrative (...) a permis d'identifier sept agents et conduit aux décisions suivantes: les sept agents sont immédiatement suspendus, dans l'attente de la tenue d'un Conseil disciplinaire". Elle indique avoir déposé plainte contre ces sept agents "afin que la justice puisse donner à ces faits les suites qu'elle jugera appropriées".

Amaury Tremblay