Rue d'Aubagne: quatre ans après, Marseille en colère alerte sur "les milliers d'habitants en situation d'insécurité"

Ce samedi marquera les quatre ans du drame de la rue d'Aubagne à Marseille où l'effondrement de deux immeubles avait entraîné la mort de huit personnes. Cet événement a "levé le voile sur le drame de l'habitat insalubre, indigne et en péril structurel", rappelle Kaouther Ben Mohamed, présidente de l'association Marseille en colère.
"Malheureusement, aujourd'hui, il y a encore des milliers de Marseillais qui sont en situation d'insécurité physique et sanitaire, notamment sur des immeubles où il y a des arrêtés de péril structurel et sanitaire", poursuit-elle sur l'antenne de BFM Marseille Provence.
Kaouther Ben Mohamed regrette le manque de "mesure d'ampleur" appliquée depuis le drame. "À part des plans de communication et des sommes astronomiques qui sont annoncées et dont on ne voit pas la couleur", déplore-t-elle ciblant notamment le plan Marseille en grand qui prévoyait notamment la réhabilitation de 10.000 logements sur quinze ans.
La présidente associative donne pour exemple la situation au Gyptis, dans le quartier de la Belle de mai, où un arrêté de péril a été signé en juin 2021. "300 foyers sont livrés à eux-mêmes, victimes de marchands de sommeil [...] et ne sont pas mis en sécurité", poursuit Kaouther Ben Mohamed demandant des mesures et de la réactivité de la part des autorités.
Des marchands de sommeil ciblés
Concernant le quartier de Noailles, dont fait partie la rue d'Aubagne, la ville avait annoncé une réhabilitation mêlant végétalisation, piétonnisation de certaines rues et nouveaux équipements publics.
"Le problème de ce quartier c'est qu'il a été abandonné depuis 50 ans par les différentes municipalités qui se sont succédé", souligne Kaouther Ben Mohamed.
La présidente de l'association Marseille en colère met en cause des propriétaires "qui sont en majorité des marchands de sommeil et qui les louent sans faire de la rénovation avec la complicité de certains".
À la place des deux immeubles effondrés, elle ne souhaite pas, "à titre personnel" de nouvelles constructions: "c'est vraiment aux personnes qui habitent encore cette rue, qui ont encore un traumatisme, de dire ce qu'elles veulent faire de cette dent creuse."
L'enquête permettant d'aboutir à un éventuel procès se poursuit et "peut prendre dix ans avec des expertises et des contre-expertises", selon la responsable associative. En attendant, à l'occasion des quatre ans de ce drame, neuf minutes de silence seront observées ce samedi à partir de 9h05 dans la rue d'Aubagne.