Réforme de la police judiciaire: Nicolas Bessone, le nouveau procureur de Marseille se dit "inquiet"

Police judiciaire (image d'illustration). - AFP
Le nouveau procureur de Marseille, Nicolas Bessone, qui a pris ses fonctions en octobre, s'est dit "inquiet" ce lundi 20 novembre de "la réforme de l'organisation de la police", assurant qu'il sera "attentif aux modalités de sa mise en oeuvre".
"Nous sommes inquiets de la réforme de l'organisation de la police et nous serons à Marseille comme ailleurs attentifs aux modalités de sa mise en oeuvre avec des lignes rouges qui ont été tracées par la conférence des procureurs généraux", a-t-il déclaré lors d'une audience solennelle, à laquelle le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti est également présent.
"Ne pas diluer la police judiciaire dans la résorption des stocks"
Concernant ces "lignes rouges", qu'il précise reprendre à son compte, Nicolas Bessone cite le fait de "ne pas diluer la police judiciaire dans la résorption des stocks de la sécurité publique", de garantir "la liberté absolue de choix par les magistrats du service enquêteur" ou encore "le maintien de l'autonomie de la PJ dans la gestion des dossiers sensibles", laquelle "a fait la grandeur de l'institution".
"Je ne fais pas pour autant de procès d'intention", a souligné le procureur de la République de Marseille, ajoutant que l'organisation de la gendarmerie -de laquelle selon lui se rapproche "par certains aspects" cette refonte de la police judiciaire-, "échappe à ces écueils".
Cette vaste réforme voulue par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en cours de mise en oeuvre, prévoit de placer tous les services de police du département -renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ- sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale, dépendant du préfet.
Une réforme critiquée par certains enquêteurs de la police judiciaire
Toujours critiquée, en premier lieu par de nombreux enquêteurs de la PJ, cette refondation avait suscité à l'automne 2022 des manifestations de protestation partout en France, auxquelles le monde judiciaire s'était également joint.
Les détracteurs du projet pointent un risque de "nivellement vers le bas" des compétences de la prestigieuse PJ, chargée des crimes les plus graves, en raison de la primauté accordée à la sécurité publique et craignent un renforcement du poids du préfet, sous tutelle de l'exécutif, dans les enquêtes.
La police judiciaire "toutes les semaines élucide et interpelle des auteurs du haut du spectre, notamment ceux des narchomicides, de manière plus discrète et moins spectaculaire que les actes eux-mêmes pour des raisons évidentes liées à la nécessaire préservation des enquêtes mais pour autant de manière résolue, professionnelle et déterminée", a ajouté Nicolas Bessone lundi.