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Plus de 400 personnes à la rue, 80% d’hommes… le bilan de la première Nuit de la Solidarité à Marseille

Un homme sort d'un camion douche, destiné aux sans-abri, stationné dans une rue de Marseille, dans le sud de la France, le 27 juin 2019.

Un homme sort d'un camion douche, destiné aux sans-abri, stationné dans une rue de Marseille, dans le sud de la France, le 27 juin 2019. - BORIS HORVAT / AFP

Plus de 400 personnes sans-abris ont pu être recensées uniquement sur la voie publique lors de la première Nuit de la Solidarité marseillaise, organisée le 20 janvier dernier.

L'heure est au bilan dans la deuxième ville de France. Après avoir organisé le 22 janvier dernier sa première Nuit de la Solidarité, la ville de Marseille souhaite à présent apporter des solutions pour améliorer le quotidien des plus démunis.

800 bénévoles répartis en 120 équipes de maraudes ont arpenté au début de l'année les rues marseillaises afin de mener une opération de recensement dans l'espace public. Au total, 455 personnes ont pu être interrogées par les bénévoles, en association avec le Samu et des associations spécialisées.

"Cette première édition marseillaise de la Nuit de la Solidarité a permis de mieux connaître le profil des personnes à la rue, leurs conditions de vie et le niveau de non-recours au droit dont elles sont victimes", a indiqué la ville de Marseille dans un communiqué.

Quelles conditions de vie ?

Sur l'ensemble des personnes rencontrées lors des maraudes dans la cité phocéenne, 80% d'entre eux sont des hommes, contre 20% de femmes, et trois personnes sur cinq sont âgées de plus de 40 ans.

Autre constat alarmant, environ 70% des sans-abris marseillais seraient à la rue depuis plus d'un an alors qu'une personne sur deux (53%) n’appellent plus ou n’ont jamais appelé le 115 (le numéro d'Urgence Sociale). Méfiance, découragement ou méconnaissance des services d'aides? Probablement un peu des trois lorsque l'on s'aperçoit que 85% des personnes à la rue ne sont pas accompagnées par une structure sociale.

"Cette situation de précarité s’explique notamment par le manque d’accompagnement social qui ne concerne que 15% des personnes à la rue. Pourtant, nous constatons que l’accompagnement social améliore significativement les conditions de vie des personnes à la rue", indique dans son communiqué la mairie de Marseille.

Selon les chiffres de la ville, les sans-abris sont deux fois plus nombreux à bénéficier des minimas sociaux s’ils sont accompagnés par une structure sociale (40% contre 20% pour ceux n'étant pas accompagné), mais également d’une meilleure prise en charge médicale (70% contre 40%), et d’une réelle aide pour trouver un logement pérenne (66% des personnes accompagnées ont demandé un logement social contre 34% des non-accompagnés ).

D'ailleurs, ce sont tous les gestes du quotidien qui deviennent un réel calvaire pour les sans-abris marseillais. Plus d'une personne sur deux (57%) déclarent n'avoir aucune ressource fixe, quand 48% ne peuvent pas prendre de repas chauds régulièrement.

La ville lance un appel à contribution

Face à ce bilan, Marseille souhaite "apporter des réponses adaptées aux urgences sociales vécues par ses habitants". C'est en ce sens, par exemple, que les services de la ville ont annoncé la création de douches municipales en préfiguration d’un Pôle Hygiène et Santé "qui sera livré fin 2023", alors que 37% des SDF de la ville ne peuvent pas prendre une douche régulièrement.

Marseille annonce également dans son communiqué que 150 places d’hébergement d’urgence pour des familles en situation de grande précarité et des femmes victimes de violences ont été créées. Les subventions aux associations de solidarité ont aussi été doublées et un partenariat entre la ville et l'Etat a été signé, doté d'un budget de 1,4 millions d'euros.

Marseille est la première commune de France à s’engager dans cette politique volontariste avec l’Etat qui était jusqu’alors une compétence du département et des métropoles, précise la mairie dans un communiqué.

Un Plan pauvreté a aussi été annoncé pour faire face à toutes ces problématiques et se décline en huit grandes orientations, dont l'amélioration de l’accueil et de l’accompagnement des personnes sans domicile fixe ou encore des actions visant à favoriser l’accès à l’éducation, à la culture et aux loisirs pour les enfants vivant dans les campements et bidonvilles.

Pour mettre en œuvre les orientations du Plan pauvreté, la Ville lance un appel à contributions dédié aux acteurs locaux de la solidarité. La première répartition des subventions seront accordées lors du conseil municipal de septembre prochain.

La ville de Marseille a décidé de renouveler l’organisation de la Nuit de la solidarité en 2023 et dans les années suivantes.

Alixan Lavorel