Marseille: les chardonnerets élégants, ces petits oiseaux protégés victimes d'un important trafic

C'est un oiseau protégé vendu à prix d'or au marché noir. Le chardonneret élégant, reconnaissable à son visage rouge et à sa ligne jaune sur chaque aile au milieu d'un plumage beige, blanc noir, est la cible d'un important trafic qui se déploie notamment dans l'ouest du bassin méditerranéen, autour de l'Espagne et du Maghreb.
Mardi, ce sont encore huit spécimens qui ont été saisis par la police municipale de Marseille, avant d'être confiés à la Société de protections des animaux maltraités ou errants (SPAME), association basée à Roquefort-la-Bédoule (Bouches-du-Rhône).
"Maintenus dans de très petites cages"
Le volatile est pourtant une espèce protégée en France où sa capture ou sa vente peuvent être lourdement sanctionnées. Le trafic perdure pourtant, notamment en Espagne et au Maghreb, et des chardonnerets sont régulièrement saisis par les autorités. En octobre, un trafic avait été démantelé en Île-de-France et des dizaines d'oiseaux menacés saisis.
"C'est pratiquement toutes les semaines que nous somme appelés pour des chardonnerets", raconte Véronique Scarica, la présidente de la Société de protections des animaux maltraités ou errants (SPAME), association basée à Roquefort-la-Bédoule (Bouches-du-Rhône). Elle évoque des animaux "maintenus dans de très petites cages, sur des balcons, dans de commerces".
Au-delà de ses couleurs chatoyantes, c'est le chant de ce petit oiseau qui est très recherché. Sur le marché illégal, les prix de vente sont peuvent aller de 50 à 1.000 euros.
"C'est un marché énorme. Plus ils chantent, plus ils coûtent cher", explique Véronique Scarica.
Des "dizaines" d'oiseaux saisis chaque année à Marseille
Au sein de la Division Nord de la police nationale de Marseille, Tatiana traque le fléau du trafic de chardonnerets élégants. En tant que référente de la protection animale, ce phénomène "représente une grosse partie de (son) activité pour tout ce qui est maltraitance animale".
"On en saisit plusieurs dizaines par an", explique la policière, notamment du fait d'"effectifs qui interviennent sur le marché aux puces et qui font des saisies sur des chardonnerets qui sont mis en vente à la sauvette".
"Ça se fait également sur des signalements de particulier, qui peuvent les voir aux fenêtres des gens ou sur les balcons. Ça se fait aussi lors de nos interventions pour toute autre chose, notamment si on part en perquisition, ça nous arrive régulièrement de tomber sur des chardonnerets détenus par des gens", développe encore Tatian.
Filets ou bâtonnets de colle pour piéger les oiseaux: les coupables encourent jusqu'à de trois ans de prison et 150.000 euros d'amende si des faits de capture ainsi que de ventes sont établis.