Marseille: le rachat par la ville d'un ex-McDonald's adopté en conseil municipal

L'Après-M, un McDonalds du quartier Saint-Barthélemy à Marseille, a été transformé en plateforme d'aide alimentaire par ses anciens employés. - NICOLAS TUCAT / AFP
Le rachat par la ville de Marseille d'un ex-McDonald's a été voté en conseil municipal vendredi, au terme de débats houleux, après des années de lutte entre la multinationale et ses ex-salariés, qui ont transformé le site en plateforme d'aide alimentaire. La délibération a été votée par 54 élus, tandis que 34 s'y sont opposés et 8 se sont abstenus.
Le maire Benoit Payan (PS) a salué "des hommes et des femmes qui ont lutté, quelles que soient leur histoire, leur condition".
"Certains considèrent que c'est une goutte d'eau, moi je considère que c'est une lueur d'espoir" qui démontre "la possibilité de faire et de construire une ville différente", a-t-il déclaré dans l'hémicycle.
Une décision critiquée par l'opposition
L'opposition, notamment le Rassemblement national, a reproché au maire de dépenser "600.000 euros hors taxes" pour ce rachat, "une décision incompréhensible": "Vous soutenez les squatteurs, nous soutenons les entrepreneurs", a fustigé Cédric Dudieuzère (RN).
Dans le groupe Une volonté pour Marseille, Catherine Pila (LR) a renchéri: "la véritable histoire c'est celle d'un resto fermé qui a été fermé, squatté".
Du côté de la majorité, l'adjointe au maire Samia Ghali a estimé que "lorsque le patronat se comporte de manière inacceptable (...) lorsqu'on obtient de l'argent de l'Etat et qu'il n'est pas investi sur le site, il y a tromperie", assurant que "la ville ne fait que rattraper ce qui n'a pas été fait par le passé".
Un site transformé en "lieu de solidarité" par les anciens employés
Situé à Saint-Barthélemy, au coeur d'un quartier populaire du 14e arrondissement de Marseille, l'ex-fast-food avait fait l'objet d'une liquidation judiciaire fin 2019. Occupé par ses anciens salariés, il avait été transformé depuis le premier confinement en un "lieu de solidarité", rebaptisé "L'Après-M", où sont distribués chaque lundi des milliers de colis alimentaires à destination des populations touchées par la crise sanitaire.
En mai, les bénévoles avaient lancé un appel aux fonds pour racheter officiellement ce site et le transformer en restaurant "solidaire". Ils espéraient ainsi lever 1,25 million d'euros, mais n'avaient récolté que quelque 100.000 euros début juin.
McDonald's France avait diligenté plusieurs procédures pour "faire cesser dans les meilleurs délais l'occupation illégale en cours".