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Marseille: le quartier de Noailles est-il en train de se gentrifier?

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La cité phocéenne voit s'installer, depuis quelques années, une nouvelle population. Le quartier populaire de Noailles est lui aussi concerné, ce qui inquiète les habitants historiques.

48 euros. C'est le prix du repas de voisinage -dont le plat principal aurait dû être une bouillabaisse- qui devait être servi dans le quartier de Noailles, en plein coeur de Marseille, ce dimanche soir par le café-cantine Maison des Nines.

Mais face, notamment, à la mobilisation de militants associatifs qui prévoyaient de s'y rendre pour protester contre ce qu'ils considèrent être un symbole de la gentrification, le dîner a finalement été annulé.

Un décalage

Et pour cause, le prix de ce repas est considéré comme en décalage avec les moyens de certains habitants du quartier, issus de classes populaires. Ces derniers observent leur environnement changer au fil des années et voient arriver des gens au pouvoir d'achat supérieur au leur.

"Les gens sont partis et ont été remplacés par d'autres gens qui ne connaissent même pas la mentalité marseillaise. Petit à petit, même nous, nous allons partir" s'inquiète Soheir, 70 ans, qui vit à Noailles depuis pas moins de 42 ans.

Hachem, lui, s'est installé ici il y a 12 ans. Il s'inquiète désormais de l'augmentation des coûts en ce qui concerne le logement. "Les gens viennent en vacances ou en week-end. les loyers ont été augmentés dans des proportions qui ne sont pas raisonnables", déplore-t-il au micro de BFM Marseille Provence.

"Aujourd'hui, nous avons beaucoup de Parisiens"

Cette nouvelle fréquentation favorise l'implantation de nouveaux commerces - tout aussi nouveaux - en lieu et place des boutiques bon marché qui ont toujours essaimé le quartier.

"C'est très diversifié. On a des trucs pas chers, des trucs un peu plus chers, des trucs très chers dans le quartier, maintenant. La population était, à la base, on va dire une population ouvrière. Aujourd'hui, nous avons beaucoup de Parisiens, de Bordelais, de cadres aussi qui viennent habiter ici", explique à BFM Marseille Provence, Mahmoud, qui habite et travaille à Noailles depuis 20 ans.

La cohabitation entre les néo-Marseillais et les habitants de longue date a du mal à se faire. Désormais présenté comme un signe de la gentrification de la cité phocéenne, Noailles avait auparavant été montré du doigt, notamment pour la vétusté de ses immeubles. En 2018, les effondrements de la rue d'Aubagne avaient fait huit morts dans le quartier.

Chloris Ploegaerts et Sarah Boumghar