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Marseille: des ossements retrouvés sur une colline, cinq employés de cimetières mis en cause

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Accusés entre autres de négligence, les employés sont passés en conseil de discipline ce lundi 8 avril. Les syndicats dénoncent un manque de moyens alloués à la gestion des cimetières.

"C'est une horreur. Ça n'a pas de nom." À Marseille, la présence d'ossements humains découverts à ciel ouvert sur une colline fait grand bruit, alors même que cinq fossoyeurs marseillais comparaissaient ce lundi 8 avril devant un conseil de discipline d'Aix-en-Provence.

Sur la colline, située au-dessus du cimetière des Vaudrans, se dressent une trentaine de monticules de terre où sont retrouvés des os brisés, mais également des capitons de cercueil, ou encore des restes de pierres tombales.

Les riverains choqués

Les ossements proviennent tous de cimetières marseillais qui ont du être vidés pour des travaux d'agrandissement, ou bien des concessions arrivées à terme. Les riverains se disent choqués de voir que les corps exhumés ont fini leur course sur ce terrain, déposés comme de vulgaires gravats de chantier.

"Je pense que les familles ne doivent pas le savoir. Ça doit être fait quand ils enlèvent des tombes, ils doivent les mettre là", estime une habitante au micro de BFM Marseille Provence. "Mais je trouve que c'est vraiment inadmissible de faire ça."

Les cinq fossoyeurs qui sont passés en début de semaine en conseil de discipline sont accusés par la ville de Marseille de négligence, mais sont également mis en cause dans des vols de fer et d'or, ainsi que la disparition de plusieurs corps.

La gestion des cimetières mise en cause

Mais la question des ossements déposés à ciel ouvert sur la colline des Vaudrans ne date pas d'aujourd'hui. Nos confrères de La Provence expliquent avoir déjà signalé en 2018 l'existence de ce cimetière à ciel ouvert, et pointaient du doigt la gestion des cimetières.

Un fossoyeur affirme ainsi à La Provence que les corps qui ont besoin d'être prélevés des cimetières sont, depuis 2015, mis "dans un camion qui traverse la ville", avant d'être déposés sur le terrain des Vaudrans où des entreprises sont censées venir "faire le tri". Une gestion absolument démentie par la municipalité, qui assure qu'elle exige que les exhumations soient faites "corps par corps", et estime que certains fossoyeurs se sont "peut-être facilité la tâche" sur le tri des ossements.

De leurs côtés, les fossoyeurs actuellement mis en cause sont soutenus par la CGT des Territoriaux des Bouches-du-Rhône, qui dit dénoncer depuis plusieurs années déjà le manque de moyens octroyés aux employés et à la gestion des cimetières.

"Ils ont obéi aux ordres, mais il y a des choses qui se passent par manque de moyens, tout simplement", souligne auprès de BFM Marseille Provence Françoise Risterucci, responsable du syndicale. "Ou par des dysfonctionnements, mais qui partent d'en haut. Et on s'attaque toujours aux mêmes: à ceux d'en bas."

Les employés mis en cause risquent la révocation, ou bien la mise en retraite d'office.

Inès Esnault avec Laurène Rocheteau