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Malgré les renforts, Marseille compte moins de policiers qu'en 2017 selon la Cour des comptes

Photo de la Cour des comptes

Photo de la Cour des comptes - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

Selon un rapport de la Cour des comptes, malgré le plan "Marseille en grand" lancé par le président Emmanuel Macron en 2021, les effectifs policiers, en baisse depuis son premier mandat, n'ont jamais retrouvé leur niveau de 2017, tandis que le trafic de drogue continue de prospérer.

Les annonces d'augmentation des effectifs policiers pour Marseille, dont certains quartiers sont gangrénés par le trafic de drogue, ont été suivies d'effet mais n'ont pas permis de ramener les effectifs à leur niveau de 2017, selon un rapport de la Cour des comptes ce lundi 21 octobre.

Les effectifs globaux, y compris les adjoints de sécurité, ont diminué sans interruption entre 2017, année de la première élection d'Emmanuel Macron, et 2020, passant de 4.249 à 3 953.

Cette tendance s'est inversée à partir de 2021, avec le lancement par le président du plan "Marseille en grand", visant à combler les retards de la deuxième ville de France, notamment en matière de sécurité.

Des renforts insuffisants

Toutefois, malgré ces efforts, les effectifs n'ont atteint que 4.064 policiers en 2023, soit moins que six ans auparavant. Ces chiffres ne prennent pas en compte les effectifs du Raid et des CRS basés à Marseille, dont l'utilisation est nationale. Avec ceux-ci, souvent mobilisés à Marseille, on peut "compter environ 250 agents supplémentaires sur le terrain au quotidien", relève la Cour.

"Les annonces ont été globalement suivies d'effet et les renforts demandés et annoncés sont bien arrivés (... mais) ne sont pas suffisants pour permettre au schéma d'emploi d'évoluer favorablement," note le rapport, en alertant sur les "difficultés à recruter et à fidéliser" les policiers dans la cité phocéenne, au risque de faire repartir les effectifs à la baisse.

La Cour pointe en outre un "climat social éruptif", avec plusieurs mouvements de grogne ces derrières années, et des conditions de travail dégradées, avec "un absentéisme pour maladie en augmentation", notamment à la Police aux frontières (+34% entre 2016 et 2023) et à la police judiciaire (quadruplement entre 2016 et 2023).

Lutte antidrogue: des résultats mitigés

Sur le front de la lutte contre les stupéfiants, érigée en priorité par les gouvernements successifs, la Cour se penche sur le modèle du "pilonnage" des points de deal mis en oeuvre dans certains quartiers rongés par les trafics et vanté par le président Macron en mars 2024 lors d'un déplacement à Marseille sur une de ces "opérations place nette".

"Ce harcèlement permet de déstabiliser les trafics et témoigne, de manière visible, de la mobilisation de l'État. Néanmoins, son effet durable est difficile à évaluer: il ne conduit parfois qu'à déplacer les points de deal, dont les horaires d'ouverture s'adaptent à cette présence policière perlée. Il ne débouche souvent que sur de faibles condamnations judiciaires," relève le rapport.

"En outre, la mobilisation permanente de moyens considérables contre le trafic de stupéfiants obère le temps policier disponible pour d'autres missions", avec moins d'interventions à la suite d'appels et un "stock" de dossiers en cours en hausse.

La Cour pointe enfin de possibles problèmes de gouvernance, avec l'existence depuis 2012 d'une préfecture de police, la seule en France hors Paris. "La coexistence de deux préfets de plein exercice a entraîné des frictions et des conflits de compétence", observe la Cour qui recommande "d'ajuster et de clarifier la répartition des compétences entre eux".

A.S. avec AFP