"Je suis une morte-vivante": un an après la mort de Socayna, sa mère dénonce le "silence total" des autorités

Layla est la mère de Socayna qui est morte en septembre 2023 après avoir été atteinte par une balle perdue à Marseille. - BFMTV
Un an après la mort de sa fille aînée, elle "survit uniquement" pour sa cadette. La mère de Socayna, une étudiante de 24 ans tuée par un tir de kalachnikov alors qu'elle se trouvait dans sa chambre dans une cité marseillaise, se confie sur son impossible deuil. Elle dénonce "le silence assourdissant des autorités" dans des entretiens publiés par Le Parisien et de La Provence ce mardi 10 septembre.
"Je suis une morte-vivante. Il n'y a rien de pire que de perdre son enfant, il n'y a rien de pire que de voir sa fille tuée, assassinée dans ta propre maison", confie Leïla.
"Jusqu'à maintenant je n'ai pas compris. Des armes de guerre qui se trouvent à Marseille. Pour moi c'est très grave de se faire tuer chez soi. Une balle perdue passée en travers du mur. Tout ce que j'ai fait pendant 24 ans est partie en l'air", a-t-elle ajoutée ce jeudi sur BFMTV.
Socayna révisait dans sa chambre quand une balle perdue a traversé le mur de sa chambre et l'a touché au visage. En état de mort cérébrale, l'étudiante est morte deux jours plus tard, laissant sa mère et sa sœur inconsolables.
"Ma deuxième fille souffre discrètement, elle cherche à gauche, à droite des amis, des sœurs, des frères parce qu'elle a perdu son sœur unique et ça me fait peur qu'elle tombe dans un piège", a-t-elle témoigné sur BFMTV.
Si la famille a déménagé dans un autre appartement de la ville, l'absence de Socayna se fait toujours grandement sentir.
"La maison est vide, terriblement vide. Sans arrêt, je crois que Socayna va frapper à la porte et s’asseoir avec nous dans la cuisine. Elle était tout pour moi", martèle celle qui dénonce une situation "injuste".
"C'est un criminel, un meurtrier, point final"
Leïla s'en veut, persuadée que "Socayna serait encore vivante" si elle avait eu les moyens de déménager de la cité Saint-Thys. Suivie par une psychiatre, elle n'a pas pu reprendre son travail et elle s'est éloignée de sa fille qu'elle "n'arrive plus à prendre dans ses bras". Elle n'a "plus de sentiment", ne trouve plus le sommeil, "dévorée de questions", et est dans l'unique attente que "les meurtiers soient jugés, condamnés, punis".
Un mineur de 16 ans soupçonné d'être le tireur de la rafale ayant tué Socayna sur un point de deal a été interpellé et mis en examen pour assassinat en février dernier. Le procureur de la République avait alors évoqué une "affaire de narchomicide", expliquant que le mis en cause et ses proches étaient "très largement impliqués dans le trafic de stupéfiants".
"Ça m’énerve quand j’entends parler de ce terme: 'mineur'. C’est un criminel, un meurtrier, point final. Un mineur, normalement, il est à l’école, pas dans la cité avec une kalachnikov. Il a fait un choix. C’est la faute des parents aussi, qui laissent leurs enfants traîner dans la rue. C’est aussi leur responsabilité", dénonce la mère de la victime.
"Elle n'était qu'un numéro"
Elle regrette par ailleurs que "rien n'ait changé" depuis, estimant qu'il y a "toujours des meurtres, des victimes innocentes, des victimes collatérales".
"Beaucoup d’élus sont venus me voir. Mais qu’ont-ils fait depuis? Ma fille est partie gratuitement. Ces derniers jours, je n’ai pas reçu un coup de fil. C’est le silence total, si ce n’est quelques associations qui me contactent. L’État, la ville ont oublié Socayna. En fait, elle n’était qu’un numéro, sa mort a fait l’actualité, et puis plus rien, c’est comme si on nous avait demandé de passer à autre chose. Mais c’est impossible".
Pour rendre hommage à Socayna, une marche blanche sera organisée ce samedi 14 septembre dans le quartier de la Joliette à Marseille, selon La Provence.