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Fusillades à Marseille: Yoda et Maga, ces deux gangs qui s'affrontent sur fond de trafic de drogues

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Depuis plusieurs semaines, des fusillades meutrières touchent la cité phocéenne. En cause, la concurrence entre deux gangs, en lien avec le trafic de drogues.

Les tirs se multiplient ces derniers mois dans la cité phocéenne. Derrière ces fusillades meurtrières, il y a deux gangs, les Yoda et les Maga, qui s'adonnent à des règlements de compte sur fond de trafic de drogues. 17 personnes ont perdu la vie depuis le début de l'année, dont trois depuis le début de la semaine.

"C'est une guerre que se livrent deux clans majeurs du trafic de stupéfiants à Marseille. Deux clans qui sont lourdement armés et qui se livrent cette bataille par des petites mains interposées, qui se livrent à des assassinats", expliquait ce mercredi sur BFMTV la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri.

Les noms des deux groupes s'affichent via de larges graffitis sur les murs de la ville, ainsi que les tarifs des stupéfiants que ces jeunes mettent en vente. Pour certains Marseillais, la situation s'avère de plus en plus pesante.

Un gang de trafiquants de drogues, nommé Yoda, s'affiche sur les murs de Marseille
Un gang de trafiquants de drogues, nommé Yoda, s'affiche sur les murs de Marseille © BFMTV
"Les habitants s'enferment à partir de 17 heures, la peur de recevoir une balle perdue. (...) Ils revivent le lendemain", assure à BFMTV Mami, ancien résident de la cité la Paternelle, à Marseille.

Des jeunes de 14 ans désormais impliqués

L'origine de ce conflit? Les deux gangs rivaux se disputent un même secteur stratégique. Situé proche de l'autoroute, il est facile d'accès pour les clients.

En quelques semaines, les deux gangs ont basculé dans une escalade de violence. Les fusillades impliquent désormais des personnes de plus en plus jeunes, parfois de seulement 14 à 16 ans. Un choix stratégique, selon un juge des enfants.

"Pas de risque de représailles, éventuellement des têtes nouvelles qui ne sont pas encore repérées par les forces de l'ordre", analyse Éric Mangin pour BFMTV.

La CRS 8 déployée sur place

Ces dernières semaines, la police marseillaise assure avoir obtenu des résultats importants, notamment grâce à l'arrivée de nouveaux moyens, comme la brigade CRS 8. Cette unité d'élite, créée en 2021 par le ministère de l'Intérieur, doit permettre de répondre à la spécificité des violences urbaines.

"À la Paternelle, vous aviez quatre points de deal qui étaient à 80.000 euros par jour. Aujourd'hui, ils tournent à 2000 euros par jour. Les coups de boutoir que l'on porte à ces trafiquants ont un effet sur leur chiffre d'affaire, leur main-d’œuvre, leur logistique", assure à notre antenne la préfète de police.

Difficile cependant de mettre encore la main sur les têtes pensantes en charge de ces réseaux. "Ces narco-trafiquants sont aujourd'hui disséminés à Marseille, mais surtout ils sont à l'étranger. Ce sont les petites mains du réseau qui sont exposées et risquent leur vie", explique Eddy Sid, représentant du syndicat SGP Police.

La maire des 13e et 14e arrondissements de la ville Marion Bareille appelle jeudi dans une lettre en faveur de l'organisation d'une "conférence d'urgence" consacrée à la lutte contre le trafic de drogues.

Juliette Desmonceaux