BFM Marseille
Marseille

Bouches-du-Rhône: une mutuelle dirigée par la patron de FO Marseille condamnée pour licenciement abusif

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION).

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Thomas SAMSON

Dans son jugement du 15 décembre, le conseil des prud'hommes de Marseille a condamné la mutuelle, présidée par Patrick Rué, à payer à la salariée 22.000 euros au total. Une condamnation dont la mutuelle a fait appel.

La Mutuelle Marseille Métropole a été condamnée pour le licenciement "sans cause réelle ni sérieuse" d'une salariée qui avait moqué, sur l'application Snapchat, son président, par ailleurs patron du puissant syndicat FO à la ville de Marseille, a-t-on appris mercredi de sources judiciaires.

Dans son jugement du 15 décembre, le conseil des prud'hommes de Marseille a condamné la mutuelle, présidée par Patrick Rué, à payer à la salariée 11.652 euros aux titres des dommages et intérêts ainsi qu'à lui verser différentes indemnités, soit plus de 22.000 euros au total. Une condamnation dont la mutuelle a fait appel, selon l'avocat de la plaignante, Me Henry Bouchara.

Des moqueries sur le réseau social Snapchat

Le 17 juillet 2020, après plus de cinq ans d'exercice en CDD puis en CDI au sein de la mutuelle, cette salariée avait été licenciée pour "faute grave", écrit le tribunal dans son jugement, dévoilé par le site d'information Marsactu.

Patrick Rué, qui représente le syndicat Force ouvrière à la ville de Marseille et à la métropole, où il est majoritaire, lui reprochait de s'être moquée de lui sur l'application de télécommunication Snapchat.

La salariée licenciée avait eu des échanges moqueurs avec d'autres collègues après que Patrick Rué eut par erreur félicité des employés en deuil et adressé ses condoléances à d'autres employés, jeunes parents.

"L'émotion et l'embarras des salariées (...) est compréhensible"

"L'erreur est humaine, certes, mais s'agissant de félicitations envoyées à des personnes venant de subir un deuil, l'émotion et l'embarras des salariées (...) est compréhensible", a jugé le tribunal. "Le rire, la plaisanterie, voire un mot déplacé sont autant de barrière face à la gravité de la mort".

Cette boucle de discussion avait été mise en place lors du confinement lié au Covid et intégrait des salariés en télétravail, mais pas Patrick Rué. Les propos le visant lui avaient été rapportés par un membre du groupe.

Le tribunal a considéré "que le groupe Snapchat, créé à l'initiative d'une salariée, est bien un groupe privé et que l'employeur ne peut licencier la salariée pour faute grave ou cause réelle et sérieuse pour avoir tenu des propos sur un réseau privé et dont il n'était pas destinataire".

"Il semble que la décision de ce licenciement a été prise à chaud. Il me semble que le décisionnaire n'a pas pris le temps de faire retomber les questions personnelles d'orgueil et a laissé de côté l'aspect juridique", a commenté Me Bouchara auprès de l'AFP. Contacté à plusieurs reprises, Patrick Rué n'a pas réagi.

L.C avec AFP