Affaire Hedi: le témoignage des trois Marseillais qui ont secouru le jeune homme

Le jeune Marseillais Hedi, qui accuse les policiers de l'avoir blessé au LBD - Konbini
Ils ont été les premiers à lui porter secours. Dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier, en plein épisode de violences urbaines, Albert, Maxime, Ismaël ont pris en charge Hedi en lui prodiguant de premiers soins avant de l'emmener à l'hôpital. Les trois hommes ont raconté cette soirée à La Provence.
Le jeune Marseillais de 22 ans, victime d'un tir de LBD et qui affirme avoir été roué de coups ensuite par plusieurs policiers, a trouvé refuge dans un magasin d'alimentation, aidé par un ami qui avait pris la fuite au moment des faits avant de revenir sur ses pas.
Sur place, Albert et Maxime, gérant et employé du commerce, tentent de joindre les pompiers, en vain. Les secours sont débordés ce soir-là, pris dans les multiples appels liés aux émeutes. "Le temps qu'ils arrivent, il aurait pu être mort", estime Ismael, présent dans le magasin ce soir-là
"Je lui disais de tenir bon"
Les quatre hommes embarquent dans la voiture d'Albert, mais faire monter Hedi n'est pas une mince affaire. "Il n'y arrivait pas, alors j'ai baissé le siège passager à fond pour qu'il s'allonge et on l'a soulevé avec son ami. Il commençait à devenir raide", déclare Ismael, auprès de La Provence.
"Quand je les ai vus partir, j'ai eu peur qu'ils ne passent pas. C'était la guerre dehors", ajoute Albert.
Pendant le trajet, Hedi se met à convulser, vomit et urine. Ismael demande au jeune homme de tenir le coup. Il le met en position latérale de sécurité pour éviter qu'il s'étouffe.
"Je lui parlais, je lui disais de tenir bon, qu'on était bientôt arrivé, mais je le sentais partir", ajoute-t-il.
Ismael et Maxime déposent Hedi aux médecins de l'hôpital et repartent. Ils reviendront le lendemain à l'hôpital pour tenter d'avoir de ses nouvelles, en vain. Hedi est resté plusieurs heures dans le coma.
Près d'un mois après le drame, Ismael est toujours sous le choc. "À chaque fois que je repense à son regard ce soir-là, je ne peux pas m'empêcher de pleurer. J'y ai vu toute sa détresse", se souvient-il. "Quand je l'ai vu à la télé, j'ai pleuré comme un enfant. Je croyais qu'il était mort."
Lors de l'audience tenue ce jeudi matin devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, l'avocat général a requis le maintien en détention provisoire du policier, soupçonné avec trois collègues d'avoir gravement blessé Hedi en marge des émeutes à Marseille, au moins jusqu'à un interrogatoire prévu le 30 août.