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Vienne: Théo, 16 ans, est le premier en France à être reconnu comme victime prénatale du glyphosate

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La mère de l'adolescent a utilisé du glyphosate lors de sa grossesse. La commission d'expert du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides a reconnu un lien entre les malformations et l'utilisation du pesticide.

La mère en était convaincue. À Vienne, dans le Rhône, Théo Grataloup, 16 ans, né avec des malformations lourdes de l'œsophage, du larynx et la trachée, vient d'être reconnu par un groupe d'expert comme une victime du glyphosate, substance active controversée, présente dans plusieurs pesticides.

En France, c'est la première fois qu'un lien entre le désherbant et les malformations prénatales est établi. Après cette reconnaissance tant espérée, l'adolescent souhaite désormais que son cas serve d'exemple pour les autres victimes potentielles.

"Il y en a énormément d'autres personnes dans le même cas que moi. J'espère que ça pourra les aider", indique-t-il au micro de BFM Lyon.

Une utilisation du glyphosate lors de sa grossesse

Il y a 17 ans, Sabine Grataloup, a utilisé le pesticide de la multinationale Bayer-Monsanto pour désherber la carrière d'équitation dont elle s'occupe. "Je passais un désherbant à base de glyphosate sur toute cette surface", se remémore la mère de famille.

À cette époque, elle ne sait pas encore qu'elle attend un enfant. Ce n'est qu'un an après la naissance de Théo, en ayant le réflexe d'aller chercher un bidon de glyphosate pour désherber, qu'elle fait le rapprochement.

"Un an plus tard, les herbes s'étant énormément développées, j'ai pris un bidon de glyphosate dans l'atelier", explique-t-elle. "C'est là où j'ai fait le calcul, dans ma tête: Théo est né en mai, donc il a été conçu en août. Et en août, je faisais ça (désherber avec du glyphosate. NDLR)."

Une plainte déposée contre Bayer-Monsanto

En 2017, la mère de famille décide alors de porter plainte contre Bayer-Monsanto. Quelques années plus tard, c'est le soulagement, une commission d'expert du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) reconnaît que les malformations de Théo sont liées à l'utilisation de pesticides.

Auprès de nos confrères de l'AFP, Christine Dechesne-Ceard, qui pilote le fonds d'indemnisation créé par une loi de 2020, précise qu'il y a bien "un lien" mais "la nature du pesticide n'est pas notifiée".

Du côté de la mère de famille, qui explique n'avoir utilisé uniquement que du glyphosate, le compte-rendu des experts n'a fait que confirmer ses doutes. "Ça a été un soulagement. Ça a été la confirmation de quelque chose que l'on savait intimement et de manière de plus en plus certaines depuis des années", sourit Sabine au micro de BFM Lyon.

Grâce à cette reconnaissance, l'adolescent a pu être indemnisé à hauteur de 1.000 euros par mois et cette indemnité pourrait être revue à la hausse selon de l'état de santé de l'adolescent en 2025.

"Je suis très chanceux"

À seulement 16 ans, le jeune Théo a dû subir 54 interventions chirurgicales. Ces interventions lui permettent "de manger par la bouche, respirer par trachéotomie et parler par voie oesophagienne", explique sa maman à l'AFP. Et le jeune homme est conscient de la chance qu'il a.

"J'arrive à m'en sortir bien mieux que les gens qui ont les mêmes malformations que moi. Je suis très chanceux à ce niveau-là. Mais il y en a énormément d'autres, moins médiatisés, qui ont beaucoup plus de difficultés que moi dans leur vie quotidienne", prévient Théo.

Mais alors que la Commission européenne va se réunir pour voter ou non la prolongation de l'autorisation d'utilisation du glyphosate pour les 10 prochaines années, vendredi 13 octobre, le jeune homme en appelle au président de la République. Il demande à Emmanuel Macron d'interdire le pesticide.

Pour rappel, le glyphosate a été classé en 2015 comme "un "cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé.

Lauriane Pelao et Martin Regley avec AFP