"Une grande colère": deux ans après la mort d'Iris et Warren à Lyon, leurs mères exigent "des réponses"

Elles ne se sont pas lâché la main de toute l'interview, affichant leur inaltérable solidarité dans une peine qui dure depuis déjà plus de deux ans. Ce vendredi 30 août, Jessica Souchit et Laure Cédat, les mères de Warren et Iris, mortellement percutés à 17 et 15 ans le 22 août 2022 par une ambulance alors qu'ils roulaient à trottinette quai Maréchal-Joffre à Lyon, ont pour la première fois répondu à une interview toutes les deux sur BFM Lyon, après une conférence de presse plus tôt dans la journée.
Deux ans après le drame, les deux mamans continuent de mener le combat malgré une douleur qui reste immense: "Notre monde s'est effondré", résume Jessica Souchit, "c'est juste horrible de se réveiller le matin et de se dire 'il me manque une partie de moi'".
"Inconcevable de ne pas avoir de réponses"
Les deux mères se battent aujourd'hui pour la mémoire de leurs enfants dans l'attente d'un jugement et réclament une "peine exemplaire" à l'encontre de l'ambulancier, qui a été mis en examen pour homicide involontaire et placé sous contrôle judiciaire. Il était connu de la justice pour des dizaines d'infractions routières et avait par le passé vu son permis de conduire lui être retiré.
"On est dans une grande colère et une grande détermination", assure la mère d'Iris.
Des témoins affirment que le véhicule filait à très vive allure au moment de l'impact mais, après trois annonces de report, le rapport d'expertise n'a toujours pas communiqué aux familles des victimes, qui se sont constituées partie civile. "On ne sait toujours pas à quelle vitesse ont été percutés nos enfants, la seule chose qu'on sait c'est que le choc a été si violent qu'ils sont morts sur le coup", explique encore Laure Cédat.
Ce samedi 31 août, à l'occasion d'un rassemblement quai Maréchal-Joffre pour commémorer leurs enfants deux ans jour pour jour après leurs obsèques, Jessica Souchit et Laure Cédat demanderont une nouvelle fois des réponses à la justice.
"On a perdu nos enfants, on essaie de vivre avec cette perte chaque jour et, pour nous, il est inconcevable de ne pas avoir de réponses", revendique la mère de Warren.
Iris et Warren "ne peuvent pas être morts pour rien"
Les deux femmes estiment par d'ailleurs que ces réponses doivent permettre d'établir dans quelle mesure la ville de Lyon, par son aménagement urbain de la voie de circulation où a eu lieu le drame, et la compagnie d'ambulance, qui a embauché un conducteur qui avait montré qu'il était capable de transgresser le Code de la route, sont responsables. Pour Laure Cédat, ces deux acteurs "n'ont pas pris leur responsabilité" mais elle assure que "chacun devra prendre sa part".
La mère d'Iris tacle particulièrement "des pouvoirs publics qui n'ont ni mémoire ni cœur", notamment une mairie qui n'a jamais souhaité la recevoir, avec Jessica Souchit, pour échanger à propos de leur doléance principale: une sécurisation accrue des voies cyclables à Lyon, notamment en les séparant totalement du reste du trafic.
"Ils ne peuvent pas être morts pour rien", martèle encore Laure Cédat, qui estime qu'"il faut qu'on apprenne" de ce drame.
Les deux mères expliquent aussi avoir lu et entendu "des choses tellement horribles" à l'égard de leurs enfants, à savoir des propos évoquant "des délinquants", alors qu'ils ne l'étaient pas, disant que ce qui leur est arrivé est "bien fait" parce qu'ils étaient à deux sur une trottinette ou encore qu'"ils ont dû fumer, ils ont dû boire", alors que l'autopsie de Warren, le conducteur de la trottinette, montre qu'il n'avait pas consommé de produit de ce type.
Elle explique ainsi cette prise de parole médiatique deux ans après les faits par, entre autres, une volonté de "remettre les choses à leur place, la vérité à sa place". En attendant que la vérité judiciaire puisse, elle aussi, trouver sa place un jour.