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Tirs de mortiers sur le lycée La Martinière-Montplaisir: en colère, les professeurs déplorent le manque de moyens

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Ce lycée du 8e arrondissement de Lyon a été la cible vendredi 10 novembre de tirs de mortiers d'artifice. Les professeurs dénoncent des classes surchargées et des personnels insuffisants.

Devant les grilles du lycée La Martinière-Montplaisir à Lyon, les stigmates sont encore là. L'établissement scolaire a été pris pour cible par une dizaine d'individus armés de mortiers d'artifice vendredi 10 novembre. Quelques jours plus tard, dans l'esprit des professeurs, c'est une rancœur qui dure.

"Il y a eu un incident dramatique spectaculaire et, en réalité, ça fait des années qu'on se mobilise pour obtenir plus de moyens", déclare à BFM Lyon, Éric Lahy, professeur au lycée La Martinière-Montplaisir et élu CGT.

Le professeur ajoute: "on a aujourd'hui une seule infirmière pour 2.000 élèves, alors qu'il y a un internat. Nous n'avons pas d'assistance sociale. Toutes les classes de Seconde sont à 35 élèves".

"Il manque du personnel, des enseignants, des adultes"

Les images, pour le moins impressionnantes, ont suscité une cascade de réactions, notamment dans la sphère politique. "C’est donc bien l’autorité de l’École, pour laquelle je me bats, qui est ici défiée. L’autorité de l’École, on ne la conteste pas, on ne s’en venge pas: on la respecte. Je ne dévierai pas de cette ligne et continuerai à soutenir l’engagement de sanctions disciplinaires à chaque fois que nécessaire. Car il n’y a pas de sérénité sans fermeté", s'est notamment indigné le ministre de l'Éducation nationale.

Mais ces réactions politiques et des témoignages de soutien paraissent déjà loin pour les professeurs. "Le ministre Attal qui a fait de grandes déclarations sur l'école de la République... Tout ça c'est du décor, tout ça c'est des mots creux. La réalité, c'est qu'il manque du personnel, des enseignants, des adultes", insiste Éric Lahy.

"Le rectorat a conscience de ces problématiques"

Selon les professeurs, le changement de carte scolaire, effectué il y a quatre ans, a profondément modifié l'établissement. Ils assurent qu'il y a aujourd'hui trois fois plus de boursiers dans les classes de Seconde.

"Un certain nombre d'élèves n'ont pas l'encadrement, dont ils auraient besoin", regrette Anne Moury, professeur de français, dans l'établissement. "On le voit, ces jeunes sont vraiment en difficulté et c'est vrai que de voir les gens de notre hiérarchie, les gens du rectorat qui ne se déplacent vers nous que lorsqu'il y a un gros problème, ça c'est assez inquiétant", poursuit-elle.

Contacté par BFM Lyon, le rectorat de Lyon répond que "malgré les efforts des services académiques, les recrutements de l'infirmière scolaire et de l'assistance sociale n'ont pas aboutis. Le rectorat a néanmoins conscience de ces problématiques et fait le nécessaire pour les résoudre".

À la suite de l'attaque aux tirs de mortiers d'artifice, d'importants moyens de police technique et scientifique avaient été mis en place. Deux mineurs ont été interpellés. Ils ont été déférés et mis en examen le dimanche 12 novembre.

Le premier est suspecté d’avoir participé à "l’organisation des faits, d’avoir incendié des poubelles et d’avoir procédé à des tirs de mortiers", rapporte le parquet. Il a été placé en détention provisoire.

Le second mis en examen est suspecté "d’avoir fait partie du groupe violent", poursuit le parquet sans plus de détail. Il a été placé sous contrôle judiciaire.

Solenne Bertrand