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Soupçons de violences policières à Vénissieux: l'enquête classée sans suite par le parquet de Lyon

Un brassard de police. (Illustration)

Un brassard de police. (Illustration) - Christophe Simon - AFP

L'enquête sur les soupçons de violences policières à Vénissieux a été classée sans suite, indique le parquet ce mardi 17 décembre. Les faits s'étaient produits en juin dernier, lors d'une interpellation.

Le parquet de Lyon a classé sans suite les soupçons de violences policières pour des faits survenus lors d'une interpellation le 4 juin dernier à Vénissieux. Une enquête avait été ouverte pour violences par personnes dépositaires de l'autorité publique après la diffusion, sur les réseaux sociaux, d'une vidéo sur laquelle deux agents de police assènent des coups à un individu lors de son interpellation.

"Les faits ou les circonstances des faits de la procédure n'ont pu être clairement établis par l'enquête. Les preuves ne sont donc pas suffisantes pour que l'infraction soit constituée, et que des poursuites pénales puissent être engagées", à indiqué le parquet de Lyon, dans un courrier que BFM Lyon a pu consulter.

"Le procureur de Lyon vient de donner raison au camp de la violence", a réagi, au micro de BFM Lyon, Mokrane Kessi, président de l'association France des Banlieues, à l'annonce du classement sans suite. "Malgré tout ce qui s'est passé, malgré toutes les vidéos qui ont circulé sur ces policiers ultraviolents qui ont massacré Iheb, le procureur a dit 'Circulez, il n'y a rien à voir'."

Mokrane Kessi craint que cette décision envenime la situation. "Il y a de la résignation, et quand il y a de la résignation, il y a de la colère derrière. Le risque, c'est que demain des policiers se fassent tirer dessus par des jeunes qui se disent 'On va user de la violence parce qu'en face, il y a de la violence'."

Des versions contradictoires

À la suite de cette interpellation violente, la famille de la victime avait appelé au calme, demandant de faire confiance à la justice. Les faits avaient été qualifiés par des témoins de la scène de violences injustifiées, ils avaient déclaré que le jeune homme ne s'était pas opposé à son interpellation. Une version que contredisent les autorités. Le jeune homme avait été transféré à l'hôpital après son interpellation.

Les faits s'étaient déroulés dans un contexte de tensions lors d'une patrouille d'agents de police dans le quartier des Minguettes. Selon les autorités, le jeune homme s'était réfugié dans un bar-tabac à proximité de la scène et appartenant à son père, afin d'échapper à son interpellation. Les policiers affirment que lorsqu'ils ont voulu l'interpeller, le jeune homme a résisté.

De son côté, un témoin de la scène et cousin du jeune homme assure que ce dernier n'avait rien à voir avec le groupe de jeunes en question, mais qu'il se trouvait à l'intérieur du tabac dans lequel il travaille et en est sorti pour demander aux policiers d'arrêter leur usage de gaz lacrymogène.

"Mon cousin sort pour essayer de fermer les grilles, il leur dit 'S’il vous plaît, on a des mamans à l’intérieur, on a des jeunes, on n’arrive plus à respirer. Est-ce que vous pouvez arrêter de gazer devant le tabac'", raconte le témoin.

La scène partagée sur les réseaux sociaux

D'autres éléments indiquent que le jeune homme est sorti du tabac en disant aux policiers de "dégager", ce à quoi une policière a rétorqué une phrase insultante. S'ensuit alors l'interpellation violente du jeune homme de 19 ans, sur lequel les policiers ont fait usage de leur taser.

La scène à l'extérieur du tabac a été capturée dans des images vidéo largement diffusées sur les réseaux sociaux. On y voit notamment un policier asséner plusieurs coups de matraque au jeune homme, qui se trouve à terre, avant de l'interpeller.

"On leur a dit depuis le début, depuis qu'ils sont petits: la police est là pour vous protéger. Aujourd'hui, il travaille, il se fait massacrer par la police. Vous imaginez, la haine qu'il va avoir contre la police? C'est très grave", avait dénoncé son père au micro de BFM Lyon.

Arthur Blet