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Rhône: après son éviction de la fédération PS, Christiane Constant contre-attaque et nie tout racisme

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L'ex-première secrétaire de la branche départementale du parti affirme que ses propos sur les "macaques", tenus dans un message privé qui a été révélé, ont été mal interprétés.

Près d'une semaine s'est écoulée depuis l'amorce du tollé dans la bulle socialiste du Rhône. Le temps pour Christiane Constant de préparer sa contre-attaque et répondre aux accusations.

L'ex-première secrétaire de la fédération PS du département a tenu en ce 8 mars, journée des droits des femmes, une conférence de presse.

Debout face à son auditoire, une bannière "Dupée mais pas dupe" dos à elle, Christiane Constant est revenue sur les causes de sa récente éviction et a vilipendé la "violence" dont elle a fait l'objet ces derniers jours. Famille, enfants: "Tout le monde pleure", a-t-elle soufflé au micro de BFM Lyon au terme de sa prise de parole.

Paradoxe

Paradoxalement, c'est une victoire qui a entraîné la chute de Christiane Constant. Le 2 mars dernier, au terme d'un deuxième tour, Christiane Constant est reconduite à la tête de la fédération socialiste du Rhône. Elle devance sa rivale, Murielle Laurent, avec 56% des voix des militants.

Le lendemain matin, elle adresse le message suivant sur une boucle Whatsapp de soutien à Olivier Faure, le premier secrétaire du parti, dont elle défend la ligne pro-Nupes: "On va se faire une fête… du tonnerre de Zeus. On a éliminé tous ces macaques", écrit-elle. Un message accompagné d'un émoji cœur rouge et de trois singes. Selon Le Progrès, qui a pu accéder au contenu du message, il s'agirait plutôt d'un SMS envoyé à une certaine "Souad" à 8h58.

Les proches de Christiane Constant s'empressent de dire qu'il s'agit d'une faute de frappe, et qu'elle souhaitait en réalité écrire "macaches", qui signifie "rien", et non "macaques".

"Ce n'est pas anodin"

Cette tentative d'extinction de l'incendie ne fait pas effet. La nouvelle se répand et la polémique éclate. Le parti ne tarde pas à dénoncer "un message contenant un propos à caractère raciste" et des "propos inacceptables et pénalement répréhensibles".

Plusieurs pontes locaux du PS prennent ensuite le relais, à l'image de Jean-Paul Bret, ancien maire de Villeurbanne reconverti militant. "Ce n'est pas anodin. Le mot est lourd et il est utilisé plutôt dans des mouvances d'extrême droite", a-t-il rappelé sur BFM Lyon.

"Les propos tenus par Christiane Constant, coutumière des approximations de langage à l'égard de ses camarades sont inacceptables et relèvent d'impensés que l'on ne peut que condamner fermement au Parti socialiste", déplore pour sa part Hélène Geoffroy, édile de Vaulx-en-Velin et partisane d'une ligne anti-Nupes.

Mythologie indienne

"Du 3 mars 18h au 4 mars 11h30, un harcèlement moral en règle du PS s’est organisé pour que je démissionne, fustige Christiane Constant dans un communiqué, après s'être interrogée sur l'identité de la source qui a fait fuiter son message privé. Malgré mon état de choc, je disais NON car dire OUI aurait été reconnaître une condamnation avec exclusion sans dossier. Le 4 mars à 12h, par voie de presse, j’étais suspendue par Olivier Faure."

Et l'intéressée de s'offusquer: "Mais de quel droit ? Sur quel fondement légal et après quel procès sans même avoir recueilli mes explications. On est dans l’arbitraire le plus total."

Ses explications aux propos qu'elle a tenus sont les suivantes: se disant éreintée par des opposants qui ont "tout faire pour (la) faire craquer" pendant la campagne, elle reconnaît finalement avoir "parlé d’une 'bande de macaques' sans viser qui que ce soit personnellement". Mais plutôt "tous ceux qui n’ont pas voulu voir et entendre, comme les petits macaques de la mythologie (Mahabharata) indienne qui se bouchent les yeux et les oreilles, pour se cacher la réalité; ce qui est une référence universelle, et habituelle chez (elle)".

"Inadmissible"

Christiane Constante jure que ses propos ont simplement été mal interprétés. "Je ne suis pas raciste, je n'ai jamais été raciste, plaide cette dernière. Ça fait plus de quarante ans que je suis au Parti socialiste, que je défends des valeurs humanistes conformément à l'éthique et aux statuts du Parti socialiste. Si j'avais eu des écarts, j'aurais été suspendu depuis très longtemps."

De son point de vue, cette affaire n'est rien d'autre qu'une "atteinte" à une élection régulière, "selon une procédure non contradictoire qui ne respecte pas l’état de droit".

"Je trouve inadmissible que mon parti, auquel j’adhère depuis plus de 40 ans, utilise des pratiques que jamais le PS n’a utilisé", fustige-t-elle à nouveau.

L'ex-première secrétaire du PS dans le Rhône pourrait être exclue de sa famille politique. Pour sa part, elle n'écarte pas l'idée d'engager des poursuites judiciaires contre "les auteurs de ce harcèlement, de cette manipulation, de ces diffamations".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions