Pédophilie: 48 témoignages mettant en cause le père Ribes recueillis par l'Eglise

Les diocèses de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne ont recensé 48 témoignages d'abus du père Ribes. - AFP
C'est une nouvelle affaire de pédophilie qui secoue l'Eglise depuis ce début d'année. Quelques semaines après de premiers témoignages, les diocèses de Grenoble-Vienne, Lyon et Saint-Etienne ont publié dans un communiqué un point d'étape sur l'affaire Louis Ribes.
Le mois dernier, les trois diocèses avaient en effet indiqué avoir recensé plusieurs agressions sexuelles sur mineurs impliquant le père Louis Ribes, décédé en 1994. Depuis, la parole des victimes a commencé à se libérer et plusieurs personnes, enfants dans les années 70-80, ont raconté avoir subi des agressions de la part de ce prêtre.
Des rencontres ont été organisées par les diocèses dans des communes où le père Ribes avait exercé ou avait vécu. Après ces réunions, les diocèses en tirent un premier bilan.
"Au cours de ces réunions, certaines victimes ont pu parler pour la première fois. D'autres se sont signalées par la suite. C'est ainsi que nos diocèses ont recueilli à ce jour 48 témoignages", indiquent les trois diocèses.
Dans le détail, 18 témoignages concernent le diocèse de Saint-Etienne, 19 témoignages pour le diocèse de Lyon et 11 pour Grenoble-Vienne. Les diocèses indiquent par ailleurs qu'un collectif des victimes du père Ribes a été créé et peut être contacté à l'adresse affaire.ribes@protonmail.com
Retrait des oeuvres du prêtre
Les diocèses de Grenoble, Lyon et Saint-Etienne font par ailleurs le point sur le retrait des oeuvres du père Ribes. Au cours de sa vie, le prêtre surnommé le "Picasso des églises" a en effet réalisé de nombreuses oeuvres dont certaines étaient installées dans des églises. Toutes celles identifiées et appartenant aux diocèses ont été déposées. "Une seule, monumentale, n'ayant pu encore être déposée, est provisoirement recouverte", précise l'Eglise.
Les autres oeuvres "sont stockées dans des locaux diocésains non accessibles au public, et clairement identifiées comme étant l'oeuvre d'une personne pédo-criminelle, et ne devant pas être exposées, par respect pour ceux qui ont été agressés".
En revanche se pose la question des vitraux existants dans des églises du diocèses de Lyon. "Des courriers ont été adressés aux huit maires concernés pour leur exposer la situation. Les communes étant propriétaires des églises, c'est à elles que revient de prendre une décision", insistent les diocèses.
Le père Louis Ribes était par ailleurs le sujet d'un livre sur une trentaine de prêtres artistes. Un livré édité en septembre 2020 à un moment où le diocèse "ignorait les agissements pédo-criminels de Louis Ribes, sans quoi, évidemment, il n'aurait jamais vu le jour". Les diocèses ajoutent que le livre a été retiré de la vente en septembre 2021.
L'affaire du père Ribes a éclaté près de 30 ans après la mort du prêtre. Des années de silence durant lesquelles l'Eglise assure ne pas avoir été au courant des agissements du prêtre: "Les diocèses de Lyon, Saint-Etienne et Grenoble-Vienne n'ont retrouvé dans leur archive aucun témoignage avant 2015. Dans le diocèse de Lyon, le premier témoignage a été déposé fin juillet 2021 et dans celui de Saint-Etienne en janvier 2022". Néanmoins, l'Eglise reconnaît "un partage d'informations à améliorer".
"Tout cela a mis en lumière la nécessité de mieux nous coordonner et nous organiser pour signaler les faits et répondre aux demandes des victimes", explique le communiqué.
Une cellule de coordination interdiocésaine a été créée et des manquements concernant l'archivage ou la transmission des informations à la hiérarchie ont été identifiés. "Cette douloureuse affaire nous engage à poursuivre le travail déjà entamé ces dernières années et qui a abouti notamment à la création des cellules d'écoute dans nos diocèses", ajoute l'Eglise.
Conctacts pour les personnes victimes
Diocèse de Grenoble-Vienne: 07.68.77.29.60 ou cellule.ecoute@diocese-grenoble-vienne.fr
Diocèse de Lyon: signalement@lyon.catholique.fr
Diocèse de Saint-Etienne: 04.77.59.30.66 ou accueil.victimes@diocèse-saintetienne.fr
Collectif des personnes victimes: affaire.ribes@protonmail.com