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Pédocriminalité dans l'Eglise: un rassemblement devant le palais de justice de Lyon pour dénoncer l'inaction de l'État

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Plusieurs militants associatifs, vêtus de robes de magistrat, se sont réunis ce jeudi, munis de pancartes devant le palais de justice.

330.000 victimes. C'est la triste statistique affichée en grands caractères sur les dalles devant le palais de justice historique de Lyon par des militants associatifs contre les violences sexuelles sur les enfants. Réunis ce jeudi, ils sont venus dénoncer le manque d'actions pour lutter contre la pédocriminalité au sein de l'Eglise.

Le rapport Sauvé publié en octobre 2021 estimait à 330.000 le nombre de victimes d'abus sexuels de la part de prêtres, religieux ou personnes en lien avec l'Eglise. Un peu plus d'un an plus tard, ces militants associatifs se sont rassemblés à Lyon pour mener cette "action coup de poing".

"L'Etat n'agit pas"

Certains étaient vêtus de robes de magistrats tandis que d'autres étaient munis de pancartes où l'on pouvait lire notamment les inscriptions suivantes: "que fait le gouvernement" et "la justice à genou devant l'Église". Tous dénoncent l'inaction de l'Etat et de la justice en matière de lutte contre la pédocriminalité dans l'Eglise.

"L'Etat n'agit pas et on a une église qui est complètement dysfonctionnante qui fait complètement n'importe quoi (...) L'Etat reste les bras ballants, c'est pas possible en réalité, ce sont des crimes de masse systémiques", explique au micro de BFM Lyon Arnaud Gallais, cofondateur de BeBrave France, mouvement qui lutte contre les violences sexuelles sur les enfants.

L'agglomération lyonnaise a été l'une des zones concernées par ces affaires d'abus sexuels avec notamment des révélations d'agressions sexuelles commises par le père Bernard Preynat ou encore plus récemment, l'affaire impliquant le Père Ribes lui aussi accusé de nombreuses agressions sexuelles.

"Aujourd'hui, c'est pas pour rien qu'on est à Lyon. Lyon, la parole libérée, en lien aussi avec les fameux propos du cardinal Barbarin 'Dieu merci les faits sont prescrits' qui résonnent en chacune des victimes. On a voulu marquer le coup aujourd'hui pour dire c'est insupportable", souligne Arnaud Gallais.

Une demande de réparation

Les militants associatifs réunis devant le palais de justice assurent aussi avoir une "grande pensée" pour les victimes présumées du père Rivoire, accusé d'agression sexuelle sur des jeunes Inuits au Canada dans les années 1970. Si les autorités canadiennes souhaitent son extradition, la France a refusé d'accéder à cette demande.

"C'est complètement incompréhensible et d'une violence inouïe pour les victimes", fustige Arnaud Gallais.

Par ailleurs, ce dernier appelle l'Etat à se saisir du sujet de la pédocriminalité dans l'Eglise et à faire en sorte que l'Eglise ne soit pas "juge et partie". Il souhaite des actions rapides notamment au sujet de l'indemnisation des victimes. Seules 45 victimes ont été jusqu'à présent indemnisées.

"C'est l'Etat, c'est la République qui doit être garante. Nous sommes des citoyens français, nous demandons ni plus, ni moins, une réparation prévue par les lois de la République et non par celles de l'Eglise ou d'une quelconque commission", demande Arnaud Gallais.

Les associations de victimes d'abus sexuels espèrent pousser le gouvernement à s'exprimer sur la question. Elles ont rédigé un texte pour faire entendre leur voix à l'Assemblée nationale. Elles cherchent aujourd'hui un député prêt à interpeller les ministres sur ce sujet lors des questions au gouvernement au Palais-Bourbon.

Amélie Duchampt et Gauthier Hartmann