"On va dormir dehors avec notre enfant": sans hébergement, Laetitia et son bébé d'un mois sont à la rue à Lyon

Ce vendredi 1er décembre, Laetitia, 41 ans, et sa fille Sira de tout juste un mois dormiront à la rue. La prise en charge de leur hébergement par la métropole de Lyon s'arrête et la préfecture du Rhône, censée prendre le relais, ne le fait pas.
Il y a plus d'un an, la mère de famille, originaire d'Orléans, décrochait un emploi et rejoignait alors son compagnon dans la capitale des Gaules.
Ne parvenant pas à trouver de logement, et alors que la situation financière du couple se compliquait, ces derniers s'étaient retrouvés à la rue, alors que Laetitia était enceinte. "J'ai demandé une mise à l'abri pour ma grossesse", explique cette dernière au micro de BFM Lyon.
"C'est horrible pour une maman"
Le cabinet de l'institution explique à BFM Lyon que jusqu’à présent la famille était prise en charge par la métropole, qui est déjà allée au-delà de ses prérogatives. Cet hébergement d'urgence, durant la grossesse, prend fin à l'arrivée du premier mois d'anniversaire de Sira, ce vendredi soir.
"Est-ce que vous vous rendez compte que des hommes SDF meurent chaque année dehors. Imaginez avec un bébé, c'est horrible pour une maman de se dire que demain on va dormir dehors avec notre enfant", expliquait Laetitia ce jeudi au micro de BFM Lyon.
La mère de famille poursuit: "Lyon avait dit: 'zéro enfant à la rue'. C'est la politique de la ville, normalement", regrette-t-elle.
Malgré la trêve hivernale, rendant impossible les expulsions, le cas de Laetitia ne rentre pas en compte. Trêve ou non, l'institution n’a pas d’obligation à continuer de les aider. Au bout d’un mois, elle n’est légalement plus responsable, qu’importe la saison.
La métropole renvoie la balle à la préfecture
La métropole de Lyon cesse d'accompagner cette famille car elle est désormais sous la responsabilité de la préfecture du Rhône. Laetitia, ayant déclaré à l'administration son conjoint, n'est plus considérée aujourd'hui comme mère isolée malgré l'absence de revenu du couple.
Le Grand Lyon confiait ce jeudi avoir rappelé à la préfecture la situation de deux familles, dont celle de Laetitia, et leur a demandé de réagir. "2.500 personnes sont mises à l’abri par la métropole, dont 30% sont la compétence de l’État. 850 enfants sont pris en charge par la métropole, nous sommes la seule collectivité de cette envergure à agir autant", selon le cabinet de la collectivité à BFM Lyon.
Ce jeudi, des manifestants se sont réunis devant le siège du Grand Lyon à la Part-Dieu pour réclamer une plus longue prise en charge de ces familles. "Ce que l'on demande, c'est d'arrêter ce jeu de prérogatives en disant 'c'est pas nous, ce sont eux, à la métropole de faire, etc'. C'est à l'État de prendre en charge le logement inconditionnel, à la métropole de prendre en charge les enfants", insiste Camille, soutien du collectif solidarité entre femmes à la rue, sur notre antenne.
"Aujourd'hui, à Lyon, les températures descendent en dessous de zéro, est-ce qu'un enfant d'un mois peut survivre à ça?", s'interroge-t-elle.
La quadragénaire envisage désormais de porter en justice sa situation pour que les services préfectoraux la prennent en charge. Malgré nos solicitations, la préfecture du Rhône n’a, pour l'heure, pas été en mesure de répondre sur le cas de Laetitia.