"Mon frère en humanité": catholiques, musulmans et juifs marchent ensemble à Villeurbanne après la destruction d'un Coran

Près de dix jours après l'intrusion d'un homme dans une mosquée à Villeurbanne et de la destruction d'un Coran, une marche était organisée ce lundi 9 juin dans la ville de la métropole lyonnaise. Une centaine de personnes se sont réunies devant l'église Sainte-Madeleine, accueillies par Olivier de Gersigny, le curé de la paroisse. "Cette marche, c'est l'occasion de discuter, d'échanger, de continuer à tisser des liens pour favoriser notre vivre-ensemble ici", a-t-il déclaré à la foule, entouré d'autres responsables cultuels. Les marcheurs se sont ensuite dirigés vers la synagogue Keren Or puis la mosquée Errahma.
L'initiative de cette marche est née d'une discussion comme l'explique au micro de BFM Lyon, Nabil Bousslama, secrétaire de l'association du lieu de culte musulman. "Frère Étienne m'a contacté et m'a dit 'Nabil, faut que je te vois', on s'est posés et on a discuté un petit moment, et il m'a dit, 'Nabil tu vois c'est dommage, ils parlent à chaque fois des choses qui se passent mal et on ne met pas assez en avant ce qui se passe de bien'. On s'est dit 'comment on peut mettre cette chose en avant', et on a réfléchi quelques instants et on s'est dit, 'si on faisait une marche'", rappelle-t-il.
La communauté musulmane vit avec la crainte la montée de l'islamophobie. "Les discours de haine se développent, les musulmans sont montrés du doigt et cela pèse sur la population" a confié à l'AFP Azzedine Gacci, imam à Villeurbanne et figure musulmane de la région lyonnaise. Selon lui, les mosquées fonctionnent différemment depuis quelques mois, en surveillant les entrées durant les prières, alors qu'elles avaient l’habitude d’ouvrir librement même pour les retardataires.
Dialogue et fraternité
Pour Daniela Touati, rabbine de la synagogue, cette initiative montre que des citoyens de confessions différentes peuvent cohabiter. "C'est possible de se parler, d'être fraternels avec toute sortes de personnes. Le dialogue et la fraternité sont la base de notre citoyenneté française", nous indique-t-elle.
Les participants ont salué cette marche comme Claire. "On croit encore au vivre-ensemble, on croit en l'amitié entre les personnes de culture et de foi différente." "Toute forme d'intolérance religieuse, de violence à l'égard des croyants ou de quiconque, on n'est absolument pas d'accord et on est unis pour protester contre", souligne Laure à notre micro. "Chacun là, c'est mon frère. Je ne partage pas toujours les mêmes opinions, mais c'est mon frère en humanité", considère Hélène.
La marche s'est achevée devant l'hôtel de ville où les participants ont été accueillis par le maire PS, Cédric Van Styvendael.