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Maire contesté, scission dans la majorité: vers des élections municipales anticipées à Francheville?

le maire de Francheville Michel Rantonnet

le maire de Francheville Michel Rantonnet - BFM Lyon

Michel Rantonnet, critiqué pour son exercice du pouvoir, est plus esseulé que jamais. S'il n'a jamais accepté de démissionner, il n'exclut plus la tenue d'un nouveau scrutin. Cela dépendra du déroulement du conseil municipal de ce mardi 12 décembre.

À Francheville (Rhône), les électeurs pourraient être amenés à retourner aux urnes plus tôt que prévu. Si les mandats des maires élus en 2020 courent jusqu'en 2026, il n'est pas exclu que celui de Michel Rantonnet tourne court.

Englué dans une crise politique à l'échelle locale, l'édile de cette commune de l'ouest lyonnais a adressé à la presse un communiqué lundi 11 décembre. Dans ce texte préalable au conseil municipal planifié ce mardi, il distingue deux "plans d'action".

Si les délibérations à l'ordre du jour sont votées à la majorité, "la ville peut investir en 2024 pour réaliser le plan du mandat présenté aux électeurs", assure le maire Les Républicains (LR) de Francheville. "Dans ce cas, l’ouverture proposée par le maire peut se poursuivre pour une gouvernance plus agile."

Si elles sont rejetées, Michel Rantonnet se considérera "empêché", selon son propre terme, et proposera aux électeurs "de se prononcer sur un autre projet, avec des élections anticipées".

"Une gouvernance d'un autre temps"

On ignore à ce stade si l'élu prévoit de participer au scrutin en cas de nouvelles élections. Mais s'il en est arrivé aujourd'hui à envisager des élections municipales anticipées, c'est parce qu'il est aujourd'hui plus esseulé que jamais à Francheville.

À la mi-novembre, 17 des 25 élus qui composaient sa majorité ont fait scission et créé un groupe dissident. Parmi eux: huit de ses neuf adjoints. Dans un communiqué, les élus disaient vouloir "créer une nouvelle dynamique, favoriser des relations apaisées avec tous les acteurs de la vie commune, (...) développer une gestion municipale plus participative".

Les frondeurs décrivent "une gouvernance d'un autre temps, isolée et coupée de la réalité et des attentes de ses administrés".

Un "muselage démocratique"

Les termes employés par l'opposition s'inscrivent dans le même sillage. Caroline Paris, conseillère municipale, observe un "déficit démocratique" et un "manque de concertation" de la part de Michel Rantonnet.

"Les conseillers municipaux ne sont pas associés aux travaux. En amont du conseil municipal, vous avez des commissions préparatoires. Elles sont toujours extrêmement sommaires. Il y a également des délibérations qu'il fait passer, notamment des modifications du règlement intérieur pour priver le conseil municipal d'un certain nombre de ses prérogatives", a égrainé l'élu lundi 11 décembre sur BFM Lyon.

Et d'asséner: "C'est un muselage systématique et des attitudes au sein du conseil municipal qu'il a prises constituent un manque de respect à l'égard des élus que nous sommes".

Des accusations d'islamophobie

Au-delà de son exercice du pouvoir, des prises de position polémiques ont valu au maire des accusations d'islamophobie. Caroline Paris juge "très difficile de porter une telle conclusion". Pour autant, elle assure qu'"il faut s'en tenir aux faits".

Elle rappelle par exemple que Michel Rantonnet est pointé du doigt pour avoir refusé de prendre une photo en compagnie d'une bachelière de sa commune, au prétexte que cette dernière portait un voile. Depuis, l'homme vit sous protection policière.

"Sur un précédent mandat, il y a eu une alliance avec l'extrême droite", rembobine encore la conseillère municipale d'opposition. "Il y a eu un parrainage à Éric Zemmour sur lequel il s'explique en disant que c'est justement pour que fonctionne la démocratie. Disons qu'il y a des postures aujourd'hui qui interrogent grandement."

"C'est plus que lunaire"

En dépit de ce contexte, Michel Rantonnet n'a jamais accepté de quitter son siège de maire. Ce qui ne manque pas d'étonner Caroline Paris.

"C'est plus que lunaire. Cela interroge sur la posture et les intérêts qu'il porte. Est-ce que ce sont les siens ou ceux des Franchevillois? Rester maire pour conserver le titre et ce qui en découle -soyons clairs: les indemnités, la voiture, etc-, c'est une posture qui interroge."

L'élue l'assure, il ne s'agit ici pas d'"une chasse aux sorcières". Les critiques dont Michel Rantonnet fait l'objet ne datent pas d'hier, soutient encore Caroline Paris. Reste désormais à savoir si elles seront suffisantes pour le pousser en dehors de la mairie, dix ans après son arrivée.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions