Lyon: un chauffeur-livreur jugé pour l'homicide involontaire d'un adolescent dans la montée de Choulans en 2021

Deux ans de prison, dont un avec sursis, ont été requis contre le chauffeur-livreur qui a renversé Erwan, adolescent de 15 ans, dans la montée de Choulans en 2021. L'homme affirme qu'il n'avait pas d'attitude dangereuse au volant. Le délibéré de l'audience devrait être rendu le jeudi 27 février prochain.

Trois ans et demi après les faits, le chauffeur-livreur accusé d'avoir mortellement renversé Erwan, un adolescent de 15 ans sur la montée de Choulans, dans le 5e arrondissement de Lyon, a fait face à la justice ce jeudi 20 février pour homicide involontaire.

Le 16 juin 2021 à 7h30, le camion du livreur se couche sur le flanc droit dans l'un des derniers virages de la côte et écrase un lycéen qui se rendait en cours. Le chauffeur assure depuis avoir perdu le contrôle de son véhicule après avoir entendu un grand bruit.

Une version qui n'est toutefois pas validée par l'expertise menée après l'accident: les données de conduite du camion montrent que le véhicule ne présentait aucun défaut technique, mais surtout qu'il roulait à 57 km/h au moment des faits.

Une vitesse excessive confirmée par des témoins de l'accident, qui ajoutent que le chauffeur venait de dépasser un bus de façon imprudente, dans la montée. Au moment des faits, le conducteur ne possédait plus que quatre points sur son permis de conduire.

Le procureur de la République a requis deux ans de prison dont un avec sursis pour le chauffeur quinquagénaire. Une peine qui serait aménageable à domicile avec bracelet électronique. Le ministère public a également requis une annulation du permis de conduire avec interdiction de repasser l'examen pour 12 mois.

"Je n'ai pas accéléré"

Devant les juges, l'enjeu était de savoir si le chauffeur-livreur allait reconnaître une conduite dangereuse. Aujourd'hui âgé de 53 ans, le Stéphanois a pourtant maintenu ses dires à la barre.

"Oui, j'étais à cette vitesse (57 km/h, NDLR), mais je n'ai pas accéléré", a-t-il déclaré.

Il continue d'affirmer avoir entendu "un gros boum" juste avant que le camion se couche, sous-entendant qu'un défaut technique serait bel et bien à l'origine de l'accident. La présidente lui a toutefois rappelé que l'expertise en accidentologie n’a décelé aucun problème technique sur ce camion.

"Je n'ai pas fait de faute de conduite, j'étais concentré sur la route", a-t-il insisté.

"Je voudrais qu’il entende notre souffrance"

Le quinquagénaire était entouré de sa famille et de ses proches pendant l'audience, face à un banc des parties civiles composé de la famille et des proches d'Erwan.

Dans une ambiance pesante, et avec une forte émotion des deux côtés de la salle, l'accusé a présenté ses excuses aux proches de l'adolescent: "Je ne voulais pas que cela arrive", a-t-il déclaré.

C'est la grand-mère d'Erwan, qui l'a élevé pendant dix ans, qui a ensuite pris la parole. Elle a tenu à rendre hommage à un adolescent qui "apportait la lumière" autour de lui et n'a pas accepté les excuses du chauffeur du camion qui nie toujours avoir eu une conduite dangereuse.

"Je voudrais qu’il entende notre souffrance, j’étais déjà en colère avant cette audience mais là ma colère est encore plus grande", a-t-elle lancé à son tour.

Le délibéré de l'audience doi être rendu le jeudi 27 février prochain.

Un axe depuis sécurisé par la métropole

La métropole de Lyon avait annoncé en août 2021 entreprendre des travaux pour sécuriser l'axe routier, à la suite de la mort d'Erwan. Un radar pédagogique avait, par ailleurs, été installé dès le lendemain de l'accident mortel.

La montée était déjà réputée comme dangereuse, car très empruntée. Une semaine avant la mort d'Erwan, un automobiliste de 21 ans avait aussi été tué dans un accident.

La vitesse a été réduite à 30 km/h, avec des voies réservées pour les bus et les cyclistes. La métropole a également créé un observatoire de la circulation.

Cet été 2024, un projet de rue aux enfants a été développé sur la montée de Choulans pour la sécurisation des cheminements piétons, avec notamment un élargissement des trottoirs et la création d'un plateau ralentisseur.

Lucie Nolorgues, avec Juliette Moreau Alvarez