Lyon: la métropole appelle l'État à intensifier et à accélérer la lutte contre les perfluorés

Des taux anormalement élevés de perfluorés ont été détectés dans l'eau du Rhône aux abords de Pierre-Bénite. - BFM Lyon
Établir des normes sur les rejets, améliorer la connaissance de l'imprégnation des substances dans les milieux naturels, réduire les émissions des industriels et, in fine, aboutir à une interdiction de certains produits. Voilà, pêle-mêle, les principaux objectifs érigés mardi par le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires dans son plan d'action contre les perfluorés.
Aussi connus sous le nom de PFAS, ces "polluants éternels" ont été détectés en des taux anormalement élevés dans le secteur de la Vallée de la chimie, au sud de Lyon, aussi bien dans l'eau du Rhône que dans les œufs de poulaillers à Pierre-Bénite et Oullins. À tel point que la préfecture recommande désormais aux habitants de ces villes et des communes limitrophes d'Irigny et Saint-Genis-Laval de cesser de consommer lesdits œufs et la chair des volailles produits localement.
"Beaucoup plus loin" et "beaucoup plus vite"
La métropole de Lyon salue la volonté de "protection des populations et de l'environnement contre les risques liés à ces composés" affichée par le gouvernement et symbolisée par le lancement de ce plan d'action. Ce dernier reste néanmoins insuffisant au goût des élus. Les Verts estiment qu'il faudrait aller "beaucoup plus loin" et "beaucoup plus vite" dans ce dossier.
La métropole espère devenir "un site pilote d'action prioritaire". Cela passe par "la création d’un Institut éco-citoyen qui puisse assurer une veille sur la pollution des sites industriels de la Vallée de la Chimie et ses impacts potentiels sur la santé". Et ce en partenariat avec les citoyens, les collectivités, certains industriels, les experts-scientifiques et les chambres d’industrie.
En parallèle, la majorité écologiste appelle le gouvernement à débloquer des moyens supplémentaires pour renforcer les contrôles, à "accélérer la transposition des directives européennes en la matière" et à "placer les industriels de la chimie face à leurs responsabilités". Si les entreprises comme Daikin ou Arkema, implantées au sud de Lyon, ont pour obligation de mettre fin à leur usage de PFAS d'ici à 2024, la métropole juge cette date trop éloignée.
Une "source de contamination importante"
De l'avis de la majorité écologiste, il est également nécessaire que les informations sur les perfluorés soient transmises avec "davantage de transparence" qu'actuellement et de manière "faible et régulière".
"Car toutes les études montrent que les PFAS qui entrent dans la composition de nombreux produits du quotidien, sont une source de contamination importante de l’alimentation (œufs, lait poisson...)", insiste la Métropole, dont les conséquences doivent être plus précisément définies.
À moyen terme, la collectivité souhaite enfin prendre part à "un projet de recherche sur les PFAS avec l’Institut éco-citoyen de Fos-sur-Mer et l’Université Aix-Marseille sur les concentrations de PFAS dans l’eau, l’air et le sol et l’imprégnation de la population à ces polluants éternels".
L'eau, une compétence de la collectivité
L'eau, sa gestion et son assainissement font partie des prérogatives de la métropole. C'est pourquoi cette dernière affirme "travailler avec les syndicats des eaux des territoires voisins pour étudier les interconnexions possibles entre le réseau du Syndicat Rhône-Sud (Givors, Grigny, Solaize) concerné par des taux importants de PFAS et le champ captant de Crépieux-Charmy afin de sécuriser ainsi l’ensemble de ses réseaux d’eau potable".
Globalement, depuis leur prise de pouvoir à la métropole, les élus écologistes affirment engager "des actions globales en faveur de la qualité de l'eau", luttant non seulement contre les perfluorés, mais aussi contre les autres rejets industriels et les pesticides.
En raison d’une pollution à l’ESA métolachlore, un produit de dégradation d’un herbicide utilisé sur le maïs, la collectivité a par exemple suspendu l’utilisation de la zone de captage de Garenne à Meyzieu.