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"Le jeu n'en vaut pas la chandelle": les écologistes opposés à un projet de barrage hydroélectrique sur le Rhône

Des opposants au projet de barrage hydroélectrique Rhonergia, qui devrait voir le jour sur le Rhône au nord du département, devant les locaux de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Lyon.

Des opposants au projet de barrage hydroélectrique Rhonergia, qui devrait voir le jour sur le Rhône au nord du département, devant les locaux de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Lyon. - BFM Lyon

Les écologistes s'opposent à ce barrage qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur la biodiversité mais aussi sur les nappes phréatiques qui fournissent 95% de l'eau potable dans la région lyonnaise.

Un projet largement controversé qui soulève l'ire des écologistes. Encore à l'étude, un barrage hydroélectrique sur le Rhône, au nord de Lyon, ne fait pas l'unanimité, loin de là. Mardi 27 février se tenait une dernière réunion avec les habitants sur le sujet, l'occasion pour les opposants au projet de faire entendre leurs voix.

Présents ce soir-là à Pont-de-Chéruy: des riverains mais aussi des élus et un représentant de la Compagnie nationale du Rhône (CNR).

Pour les défenseurs de l'environnement, le projet est "une aberration". "Pour des tas de raisons", précise Hervé, habitant de Hières-sur-Amby (Isère). "Économiques, écologiques, environnementales". Une manifestation des opposants à ce projet avait déjà eu lieu à Lyon en fin de semaine dernière devant le siège de la CNR.

Cette partie du Rhône est encore sauvage et c'est ici que se nichent les nappes phréatiques, qui permettent de fournir 95% de la métropole lyonnaise en eau potable.

Vers une nouvelle hausse de la température de l'eau?

En plus de détourner 26 kilomètres du fleuve, les opposants au barrage craignent donc un rejet de sédiments qui boucheraient ces nappes phréatiques, sans compter la dispersion de polluants, de perfluorés, de PCB ou encore de pesticides.

"On va noyer les zones humides et à l'inverse à l'aval on va assécher les zones humides. C'est une zone où on a énormément de mammifères protégés, d'espèces d'oiseaux hivernantes", explique Albane Colin, conseillère régionale Les Écologistes.

Les écologistes notent aussi le danger d'une hausse de la température de l'eau du Rhône, et craignent son impact négatif sur la biodiversité mais aussi pour les Lyonnais.

"Les barrages, par effet de ralentissement et de stockage de l'eau, contribuent au réchauffement du fleuve et le Rhône a déjà augmenté en température depuis les années 1970 de 2,2°C au nord", alerte Anne Grosperrin, vice-présidente en charge du cycle de l'eau à la métropole de Lyon.

"A partir de 25°C, nous ne pouvons plus distribuer une eau considérée comme potable", prévient-elle.

De l'énergie pour 60.000 habitants

D'un point de vue énergétique, le barrage pourrait fournir 60.000 habitants en électricité, soit la taille par exemple de la ville de Vénissieux. Cette énergie verte ne représenterait néanmoins qu'1% de la production d'électricité des 19 autres barrages du Rhône déjà en activité.

"Le jeu n'en vaut pas la chandelle", estime Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président de la métropole de Lyon en charge du climat, de l'énergie et de la réduction de la publicité. "Pour la même production d'électricité, on peut avoir quelques dizaines d'éoliennes, quelques panneaux solaires que ce soit en toiture ou au sol".

"Il y a vraiment un enjeu à faire preuve de bon sens énergétique", appuie-t-il.

Sollicitée par BFM Lyon, la CNR n'a pas souhaité répondre. La consultation pour les habitants au sujet du barrage Rhônergia prendra fin ce jeudi 29 février. La première phase d'études scientifiques devrait quant à elle se terminer d'ici la fin de l'année.

Maéva Commecy, avec Juliette Moreau Alvarez