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Le glyphosate de Bayer-Monsanto responsable des graves malformations de Théo? Le jugement attendu ce jeudi

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Le groupe Bayer-Monsanto comparaissait le 3 avril dernier, assigné par une famille dont le fils souffre de graves malformations qu'ils imputent à son exposition in utéro au glyphosate. Le tribunal de Vienne doit dire ce jeudi 31 juillet si ce produit est bien responsable des malformations congénitales de Théo Grataloup.

Un jugement attendu depuis près de quatre mois. En avril dernier, BFMTV était allé à la rencontre de Théo Grataloup, souffrant de malformations à la trachée et à l'œsophage, à quelques heures de l'ouverture du procès que lui et sa famille ont intenté contre Bayer-Monsanto.

Théo et sa famille ont assigné le fabricant d'engrais en justice alors que le jeune homme, âgé de 17 ans, estime ses malformations liées à son exposition in utéro au Glyper, un générique de l'herbicide Roundup de Monsanto, à base de glyphosate.

"Ma femme a passé du désherbant à base de glyphosate sur une carrière d'équitation. Elle a été massivement exposée au pire moment car c'était alors qu'elle était enceinte et ne le savait pas", explique sur BFMTV Thomas Grataloup, père de Théo.

Une lutte juridique digne de "David contre Goliath" et un combat entamé en 2016 entre la famille Grataloup et la multinationale Bayer-Monsanto, qui doit prendre fin ce jeudi 31 juillet au tribunal de Vienne.

"Monsanto savait que ce produit était dangereux"

À l'audience le 3 avril devant le tribunal judiciaire de Vienne (Isère), l'un des avocats de Bayer, Me Jean-Daniel Bretzner, a plaidé qu'il n'y a "aucun lien de causalité" entre le glyphosate et les malformations de Théo, comme il n'y a "aucun effet sur la reproduction" humaine, en citant des expertises.

"Il y a des présomptions, graves, précises et concordantes", avaient au contraire rétorqué les conseils de la famille Grataloup, dont Me Bertrand Repolt, soulevant notamment "la proximité temporelle" et l'absence d'autres "causes et éléments extérieurs".

En 2022, les experts du fond d'indemnisation des victimes de pesticides reconnaissait la possibilité d'un lien entre le glyphosate et les malformations de Théo.

"Ce qui nous révolte, c'est qu'au début on pouvait penser que Bayer-Monsanto ne savait pas, que finalement on pouvait être dans l'optique de dire 'c'est pas de chance', le produit n'est pas bon", plaide le père de Théo. "On s'aperçoit finalement que Monsanto savait que ce produit était dangereux et que malgré ça ils ont continué de le distribuer", fustige-t-il.

Une "première" en cas de victoire

La reconnaissance d'un "lien de causalité" entre le handicap de Théo et l'herbicide serait une "première", selon ses parents, pour un enfant exposé in utero au glyphosate.

"Je représente tous les malformés" et en cas de victoire, "cela fera jurisprudence et permettra à d'autres victimes d'aller en justice beaucoup plus rapidement", ajoutait Théo en avril dernier avant d'entrer dans le palais de justice de Vienne.

Le glyphosate, herbicide le plus vendu au monde (800.000 tonnes en 2014), a été classé en 2015 comme un "cancérogène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé. Il est interdit en France depuis fin 2018 pour un usage domestique.

Bayer, exposé à de nombreux litiges coûteux autour de ce produit, a publiquement douté de son avenir commercial au printemps. Depuis 2020, le groupe a dû verser plus de 10 milliards de dollars à des utilisateurs de glyphosate atteints de cancers.

Alixan Lavorel avec AFP