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Insécurité à Lyon: plusieurs collectifs d'habitants en colère devant le tribunal administratif

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Ce mercredi matin, les collectifs "Lyon en colère" et "Presqu'île en colère" se sont retrouvés au tribunal administratif. Ils accusent la Ville et l'Etat d'inaction face à l'insécurité et aux incivilités.

Deux ans après une première plainte, des associations regroupant des centaines d'habitants de Lyon ont enfin pu défendre leur cause devant le tribunal administratif où elles ont assigné la mairie et la préfecture pour non-respect de la tranquillité et de la sécurité publique.

La première plainte avait été déposée en décembre 2019 par un collectif d'associations de quartier regroupées sous le libellé "Lyon en colère".

Depuis plusieurs mois, le débat sur la délinquance fait rage à Lyon, alimenté notamment sur les réseaux sociaux par le phénomène des rodéos ou plus récemment la médiatisation des "Daltons", un collectif de rappeurs multipliant les coups d'éclat dans l'agglomération.

Rodéos urbains, nuisances sonores

Exaspéré par les rodéos à répétition, les nuisances sonores et un fort sentiment d'insécurité, le groupe "Lyon en colère" attendait aujourd'hui "des réponses fermes des institutions pour qu'on puisse traverser la rue sans risquer de se faire écraser", a appuyé avant l'audience Antoine Arnoud, de l'association "Gerland en colère" créée dans le 7e arrondissement.

Du quartier du Tonkin, dans la ville limitrophe de Villeurbanne, à celui de la Guillotière en passant par l'hyper-centre, "la sécurité n'est clairement pas assurée, il y a un réel sentiment d'impunité et d'abandon des pouvoirs publics", a accusé de son côté Sarah Bodhuin, cofondatrice de "Presqu'île en colère".

"Les nuisances ont changé, se sont aggravées. Au début on était vraiment sur des nuisances sonores qui pourrissaient la vie. (...) Aujourd'hui on est sur des nuisances qui font vraiment peur (...). Un jour quelqu'un va se faire renverser", témoigne Sarah Bodhuin sur le plateau de BFM Lyon.

Les plaignants regrettent que "les moyens suffisants" n'aient pas été pris.

"C'est surtout un procès sur l'insuffisance de la prévention plutôt que sur l'impuissance de la répression. La situation aurait pu être évitée si des mesures avaient été prises, ce qui n'est pas le cas", a soutenu pendant d'audience Edouard Raffin, avocat des 500 plaignants.

Jugement en délibéré

Tout en défendant leur bilan, la mairie et la préfecture ont nié leur responsabilité juridique, estimant notamment que cette plainte pour "carence fautive dans leur mission de protection de la sécurité et de la tranquillité" relevait davantage du domaine judiciaire qu'administratif.

Face aux porte-parole des associations, la rapporteure publique a préconisé le rejet de la responsabilité de la mairie écologiste de Lyon sur son manquement dans la gestion des troubles à l'ordre public, car ces faits vont au-delà des seuls troubles du voisinage qui sont du ressort de la mairie.

Selon la rapporteure, la responsabilité de la préfecture du Rhône doit également être écartée, cette fois par manque de preuves et d'éléments présentés.

Si le tribunal administratif retient ces préconisations de non-responsabilité, les associations ont déjà annoncé leur intention de faire appel de la décision devant la Cour administrative de Lyon, mais également de porter l'affaire devant le tribunal judiciaire.

Le jugement a été mis en délibéré.

Marine Langlois avec AFP