Des "zombies sur le parking": le quotidien "invivable" des riverains d'un point de deal à Vénissieux

Coups de feu, tapage nocturne, toxicomanes errants au pied des immeubles... Depuis trois ans, les habitants d’un immeuble du boulevard Ambroise Croizat de Vénissieux vivent au rythme des incivilités et avec un sentiment d'insécurité dans leur quartier. La faute à un point de deal qui s’est installé sur le parking de l'immeuble.
"Voir les zombies sur le parking, c'est clairement Walking Dead", confie une habitante, à bout, au micro de BFM Lyon.
"Les seringues qu'on trouve en allant à l'école, les bagarres de toxicomanes à 3-4 heures du matin pour des billets de 10 euros pour acheter une dose. C'est devenu invivable", poursuit la Vénissianne, qui affirme avoir constaté une dégradation depuis la crise sanitaire.
"Pas une semaine" sans tirs
Cette habitante de Vénissieux confie également "la peur" qui l'habite alors que "des règlements de compte" éclatent directement en bas de son immeuble "à la kalachnikov". Selon elle, "pas une semaine ne passe" sans que des tirs ne soient entendus dans le quartier.
Encore ce week-end, le point de deal a fait l’objet de tirs. Et en juillet dernier, son mari s'est même retrouvé avec une balle dans le pied et une incapacité de travailler en décidant d'interpeller lui-même les dealers.
Ces dernières semaines, alors que l'allée de l'immeuble sert de point de deal, les enfants du quartier rencontrent également quotidiennement les usagers toxicomanes et leurs dealers.
"Ma fille a 13 ans, va au collège sur Vénissieux, et elle a été confrontée à un toxicomane en train de se piquer dans le pli de l'aine, pantalon baissé, dans l'allée", explique l'habitante.
À 200 mètres du commissariat
Malgré les appels récurrents à la police et à la mairie, rien n’est fait, selon la Vénissiane.
"On deale en toute impunité à Vénissieux, à 200 mètres du commissariat et sous des caméras", fustige cette dernière.
"Du commissariat, jusqu'à chez moi, tout le long du boulevard, Vénissieux est quadrillée par les boules de caméras. (...) S'ils (les policiers, ndlr) sortent du commissariat, ils tournent la tête et les voient. Donc, clairement, que fait la police à Vénissieux?", s'interroge-t-elle.
Cette dernière regrette d'avoir "peur de la police", mais que ce sentiment ne soit pas partagé par les dealers.
La préfecture du Rhône indique auprès de BFM Lyon que ce secteur "a fait l’objet d’une attention toute particulière des services de l’État et de la ville dans le cadre des réunions de tranquillité publique pour renforcer les actions coordonnées face aux trafics de drogue". Les opérations de la police nationale s'y concentrent d'ailleurs selon l'institution.
Des relogements étudiés
Le bailleur social Sacoviv, mis au courant de l'utilisation de l’allée comme point de deal, a évoqué la possibilité de limiter l’accès de l'immeuble avec un portail. "On essaie de trouver des solutions de sécurisation" assure le président de la Sacoviv, Pierre-Alain Millet.
"La question de la réduction réelle des points de deal est une question de police, de santé publique, de répression des trafics et des aspects financiers (...). C'est là, sans doute, où l'État devrait être beaucoup plus violent", ajoute-t-il.
La question du relogement des habitants victimes du narcotrafic à Vénissieux est aussi sur la table. "Il y a des dossiers et des discussions personnelles sur lesquels on essaie de travailler à des relogements", explique ce dernier.
"Le maire de Vénissieux avait même demandé au préfet une procédure exceptionnelle de mise à l'abri des personnes victimes de violences liées au trafic, notamment qui ont été en relation avec la police", poursuit Pierre-Alain Millet.
Contactée, la mairie de Vénissieux n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations.