Conseil régional en visioconférence: l'opposition fustige l'"esquive pitoyable" de Laurent Wauquiez

Il n'est cette fois pas question de crise sanitaire, mais de pénurie de carburant. Alors que les stations-service rencontrent des problèmes d'approvisionement, conséquence d'un mouvement de grève dans les raffineries, Laurent Wauquiez a invoqué les difficultés des élus à se déplacer pour justifier le recours à la visioconférence plutôt qu'à l'assemblée plénière pour le prochain Conseil régional des élus d'Auvergne-Rhône-Alpes, jeudi et vendredi.
Cette décision fait bondir l'opposition, qui s'est empressée de pointer du doigt un motif jugé "fallacieux". De l'avis du groupe Socialistes, Écologistes et Démocrates, le président de la Région se défile, alors qu'il est embourbé dans un scandale, celui du "dîner des sommets".
Selon les informations révélées par Mediapart la semaine dernière, Laurent Wauquiez aurait tenu début juin un repas fastueux ayant réuni environ 90 personnes. Coût de l'opération: plus de 100.000 euros aux frais du contribuable, soit au-delà de 1000 euros par convive.
Une rigueur budgétaire remise en cause
La Région a confirmé à nos confrères avoir pris en charge ce montant, mais a indiqué à BFM Lyon que "les repas ont coûté 165 euros par personne" et que "les autres dépenses sont liées à la logistique".
Officiellement, l'objectif de ce "dîner des sommets" était de "créer dans notre Région de grandes synergies entre les acteurs régionaux. La vocation est de porter le développement de notre Région en mettant en relation des acteurs de la vie régionale".
Des élus de gauche aux conseillers du Rassemblement national, cette justification peine à convaincre. D'autant de Laurent Wauquiez se présente fréquemment en chantre de la rigueur budgétaire et vante la bonne santé financière de la Région, notamment obtenue par des coupes dans le secteur de la culture.
"Contradictions"
En recourant à la visioconférence, "Monsieur Wauquiez aurait-il peur d'être mis face à ses contradictions au regard de l'inadéquation entre son discours de 'chevalier blanc de la dépense publique' et ses pratiques dispendieuses aux frais du contribuable?, s'interroge le groupe Socialistes, Écologistes et Démocrates par voie de communiqué. Quelles que soient les ambitions de Monsieur Wauquiez, notre démocratie locale et les enjeux afférents méritent mieux qu'un débat escamoté".
D'autant que les orientations budgétaires et le contrat de plan État-Région 2021-2027 seront à l'ordre du jour cette semaine. "Un dossier majeur qui nécessite de toute évidence un échange approfondi", rappellent en chœur les élus de gauche.
"Il pourra siéger seul, dans son coin"
Johann Cesa, lui aussi conseiller régional socialiste, pense que "la visioconférence lui permet trois choses". "Il n'aura pas d'opposition physiquement présente, il n'aura pas de public physiquement présent et il n'aura pas vous, les journalistes, qui pourriez lui poser des questions", souligne-t-il sur BFM Lyon.
"Il y a une affaire qui vient de sortir la semaine dernière, l'affaire des repas, l'affaire du 'dîner des sommets', où les invités étaient grâcieusement nourris aux frais du contribuable, rappelle l'élu. Je pense qu'il y a un certain nombre de public, de journalistes, d'opposants qui voulaient l'interroger là-dessus. Avec la visioconférence, il pourra siéger, seul, dans son coin."
L'intéressé estime l'argument de la crise des carburants d'autant moins justifié que Laurent Wauquiez vit à Lyon et jouit d'une "indemnité, qui lui est payée, de résidence pour pouvoir siéger tout le temps, être en présentiel à la Région". "Ce n'est pas acceptable", conclut-il.
Najat Vallaud-Belkacem n'y va pas par quatre chemins et fustige "un scandale démocratique" et une "esquive pitoyable" de la part du président du Conseil régional.
Outre Najat Vallaud-Belkacem et Johann Cesa, d'autres élus du groupe, à l'instar d'Anna Aubois et de Stéphane Gammani, prévoient d'être présents jeudi matin devant l'Hôtel de Région, arguant qu'ils entendent "bien faire valoir (leur) liberté de siéger dans l'hémicycle Georges Pompidou, quoi qu'en dise M. Wauquiez".