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Centrale du Bugey: visites et réunions publiques s'enchaînent pour sensibiliser sur le projet de nouveaux réacteurs

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Un site de 220 hectares, collé au Rhône, a été identifié pour construire ces deux réacteurs. Une campagne d'information est en cours depuis le 28 janvier, mais les habitants semblent mitigés.

Une étendue d'herbe, des arbres et, en arrière-plan, quelques pylônes électriques. Blotti contre le Rhône, le site s'étire sur 220 hectares entre la centrale du Bugey et les communes aindinoises et iséroises de Vernas, Hières-sur-Ambay, Saint-Vulbas et Loyettes.

L'État ambitionne d'y construire deux réacteurs de type EPR2, d'une puissance respective de 1.670 MW, et ainsi renforcer la puissance de la centrale existante. Selon EDF, ils pourraient produire 40% de l'électricité consommée en Auvergne-Rhône-Alpes.

"L’EPR2 permet la production d’une électricité bas carbone pour au moins 60 ans dans un mix énergétique à forte composante en énergies renouvelables et tenant compte des enjeux du changement climatique à l’horizon 2100", vante la Commission nationale du débat public.

Un coût prévisionnel de 15,3 milliards d'euros

Depuis le 28 janvier, visites et consultations publiques se multiplient pour sensibiliser les habitants des alentours à ce projet pharaonique, chiffré à 15,3 milliards d'euros.

En ce jour de février, Pierre-Franck Thomé-Jassaud, directeur du débat public sur les EPR2 pour EDF, présente ces réacteurs, réputés pour offrir plus de performance et de sécurité que leurs prédécesseurs.

D'après le fournisseur d'électricité, si le projet aboutit, le Rhône sera préservé et l'impact sur l'environnement réduit grâce à la construction de deux à quatre tours aéroréfrigérantes.

"Elles vont nous permettre de prélever une quantité d'eau pour une tour de l'ordre de cinq mètres cubes par seconde. En fait, on va en restituer quatre. Il y en a un qui va s'évaporer", explicite l'expert au micro de BFM Lyon, décrivant des outils d'un "intérêt majeur".

Des rendez-vous fixés jusqu'en mai

Christian, originaire de Loyettes, semble convaincu par la présentation. "J'ai vu l'emplacement, l'emprise au sol, l'emprise au niveau du Rhône éventuellement, ce qu'on va prélever. (...) Ça m'a rassuré", reconnaît l'intéressé.

Anne-Marie, issue de la même commune, n'est pas du tout du même avis: "Ça m'a confortée dans ma conviction que je suis contre ce projet parce qu'il y a toujours le problème du stockage des déchets".

Une réunion publique a eu lieu mardi soir en présence de plus de 300 personnes. Julien est venu en curieux: "ce sont des questions qui m'intéressent en termes d'implantation, (...) de comptabilité avec l'environnement". Monique, installée à Certines, estime qu'il est "quand même intéressant de (...) voir un petit peu l'avenir qu'on va réserver à nos enfants et petits-enfants".

D'autres rendez-vous de ce type sont fixés jusqu'au mois de mai dans le secteur. Ils doivent permettre d'aborder des thématiques plus précises, comme la maîtrise des risques des nouveaux réacteurs ou la prise en compte de l'environnement.

Signe que ces questions inquiètent, une dizaine de militants anti-nucléaire ont manifesté samedi sur les lieux où pourraient s'implanter les réacteurs. Ils pointent du doigt le "danger" que représente ce projet et fustigent l'"hérésie de continuer dans le nucléaire".

Pas de mise en exploitation avant 2040

Selon la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce n'est qu'à l'issue du débat public qu'EDF et RTE décideront de l'orientation à donner au plan. Il leur faudra ensuite obtenir les autorisations nécessaires.

Alors seulement, les travaux préparatoires -aménagements préalables, terrassements et ouvrages de fondation nécessaires en vue de la construction des EPR2- pourraient démarrer. Période espérée pour les premiers coups de pelle: deuxième semestre de l'année 2027. La mise en exploitation, elle, n'est pas prévue avant 2040.

La construction de quatre autres EPR2 est programmée en France dans les années à venir. Ils devraient voir le jour en Seine-Maritime et dans le Nord.

Florian Bouhot et Lauriane Pelao