Cambriolé cinq fois en deux ans, un vendeur de trottinettes lyonnais veut maintenant "rendre sa justice"

"Je vais tenter d’autres voies, d’autres solutions, me débrouiller par moi-même." Anton Gisquet, 28 ans, gérant de "Ride Concept", un magasin de trottinettes électrique situé dans le quartier des Charmettes, est à bout de forces et ne croit plus en la justice.
"Je ne comprends pas"
En l'espace de deux ans, depuis qu'il a repris ce commerce, il a été la victime de cinq cambriolages, dont le dernier le 6 mai dernier. Ce jour-là, déjà excédé par les précédents larcins, Anton dort dans sa boutique et tombe nez-à-nez avec le cambrioleur, entré par un faux plafond. Il parvient à l'arrêter et à le livrer à la police, mais faute de preuves, celui-ci est relâché quelques heures plus tard.
"Ils ont une vidéo où on le voit à l’intérieur de mon magasin, de nuit, partir avec du matériel. Il est formellement identifié, il est reconnaissable, il est connu des services de police. Non, aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi il a été relâché", déplore celui qui dit maintenant vouloir "rendre (sa) justice."
En parallèle, l'enquête de la police se poursuit. En plus de l'exploitation des images de vidéosurveillance et de la téléphonie, plusieurs témoins ont été entendus afin de confondre le suspect.
"Je suis prêt à aller à l’ombre"
Au micro de BFMTV, Aurélien Martini, de l'Union syndicale des magistrats, estime que cette phase d'investigations peut prendre du temps, mais est nécessaire en vue d'un potentiel procès.
"Est-ce qu’il faut aller vite et prendre le risque d’une relaxe à l’audience avec un sentiment d’impunité renforcé chez l’auteur, ou est-ce qu’il faut prendre le temps de construire un dossier bien monté pour arriver à une sanction suffisante pour dissuader de reprendre le chemin de la délinquance", questionne-t-il.
Un argument qu'Anton, qui a de nouveau porté plainte et qui a vu son contrat d'assurance résilié en raison d'un préjudice de déjà plusieurs dizaines de milliers d'euros, a bien du mal à entendre. "Tant qu’on n’aura pas arrêté et jugé un cambrioleur, ils vont se dire que c’est facile de le faire ici", dit-il, auprès d'Actu Lyon.
"Je suis prêt à aller à l’ombre, mon casier judiciaire est vierge et mon affaire tournera sans moi", reprend-il, lui qui a déjà dormi armé dans sa boutique.
En 2013, un bijoutier niçois avait tué un jeune braqueur qui prenait la fuite après l'avoir cambriolé. Il a été condamné à cinq ans de prison avec sursis dans cette affaire qui avait été grandement médiatisée.
Pourtant, depuis qu'il est gérant du commerce de trottinettes, qui se revendent rapidement au marché noir, Anton a équipé celui-ci de plusieurs équipements de protection, mais rien n'y fait. "On a mis deux caméras en plus dans le magasin et dehors, des détecteurs de mouvements, une alarme intérieure et extérieure, un détecteur de choc, renforcé le portail", détaille-t-il, au même média.
Une ultime solution, amère, serait finalement celle d'un déménagement. "Mais il est hors de question que ce soit moi qui parte à cause de délinquants", balaie-t-il.