Agressions sexuelles au Canada: une action menée devant l'Ehpad du père Rivoire pour demander son extradition

"Ici vit le prêtre J. Rivoire. Il a violé des enfants inuits et nous exigeons justice". Devant l'entrée de l'Ehpad Saint-François d'Assise, à la Croix-Rousse, des membres du collectif "Be Brave" ont collé ce message en grandes lettres capitales.
Les militants lyonnais se sont réunis devant l'établissement où réside le père Johannes Rivoire, accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes Inuits au Canada, pour demander son extradition pour qu'il soit jugé, une demande rejetée par la France fin octobre, au grand dam des autorités canadiennes.
"En tant que citoyenne française, cela m'est insupportable de savoir que la France protège un prêtre pédocriminel, Johannes Rivoire, qui a fui le Canada en 1993 et qui, depuis trente ans, est dans une totale impunité", fustige Amandine, membre du collectif, au micro de BFM Lyon.
"Nous voulons que la justice arrête d'être à genoux devant l'Église"
Les militants, qui ont déployé plusieurs banderoles devant l'établissement, dénoncent l'impunité des pédocriminels. "On a souhaité venir ici pour dire qu'en plein coeur de Lyon, alors que la police, la justice, tout le monde le sait, on a un pédocriminel qui vit tranquillement la fin de sa vie. On a une justice, un gouvernement, qui ne met pas les moyens, qui ne prend pas la chose au sérieux. Nous voulons que la France livre Johannes Rivoire à la justice canadienne, et que la justice arrête d'être à genoux devant l'Église", détaille la militante.
Âgé de 92 ans, Johannes Rivoire est visé par un mandat d'arrêt canadien pour avoir agressé sexuellement des jeunes Inuits dans l'Arctique canadien entre janvier 1974 et décembre 1979. Le religieux avait déjà été visé par un premier mandat d'arrêt entre 1998 et 2017 pour des agressions sexuelles contre trois mineurs.
D'après le Service des poursuites pénales du Canada, le gouvernement français a refusé sa demande parce que la loi française interdit l'extradition de ses propres citoyens et qu'il "s'est écoulé trop de temps entre les événements et le dépôt des accusations". Ce dernier point empêche également les autorités françaises de poursuivre le père Rivoire en France, a précisé le Canada.
D'autres actions à venir
Les autorités canadiennes ne désespèrent toutefois pas d'arriver à traduire le prêtre en justice: elles travaillent de concert avec la police fédérale afin qu'Interpol diffuse un avis de recherche pouvant conduire à l'arrestation de Johannes Rivoire dans un autre pays.
En attendant une éventuelle arrestation, le collectif "Be Brave" assure vouloir multiplier ce type d'actions, partout en France, pour stopper l'invisibilisation des pédocriminels et demander justice.