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Père Rivoire: plainte en vue contre sa congrégation pour "recel de criminel"

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION).

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Thomas SAMSON / AFP

Le père Joannes Rivoire, résidant à Lyon, est accusé d'agressions sexuelles au Canada dans les années 1960. La plainte sera déposée dans les prochains jours devant le parquet de Lyon.

Une plainte pour "recel de criminel" va être déposée à Lyon contre la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée, à laquelle appartient le père Joannes Rivoire, accusé d'agressions sexuelles au Canada, a annoncé jeudi l'avocate d'une délégation d'Inuits venue appuyer la demande d'extradition du religieux.

"Cette congrégation a apporté aide et assistance à une personne qui faisait l'objet de poursuites pour des actes criminels. Nous allons déposer plainte pour 'recel de criminel', pour que toute la lumière soit faite sur l'aide" dont le père Rivoire, a bénéficié "dans sa fuite", a déclaré Me Nadia Debbache lors d'une conférence de presse de cette délégation à Lyon.

Le père Rivoire, 92 ans, qui réside à Lyon, mais a aussi la nationalité canadienne, est visé par une demande d'extradition déposée début août par Ottawa. Il est accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans les années 1960 lorsqu'il était en mission dans le Grand Nord canadien, accusations qu'il conteste.

Un premier mandat d'arrêt entre 1998 et 2017

Jusqu'ici, le prêtre, qui a quitté le Canada en 1993 après 33 ans de terrain, n'a jamais été inquiété. Après un premier mandat d'arrêt entre 1998 et 2017 pour agressions sexuelles sur trois mineurs, il fait l'objet d'un second mandat d'arrêt au Canada depuis février, après le dépôt d'une nouvelle plainte en septembre 2021 pour une agression sexuelle survenue il y a environ 47 ans.

La plainte sera déposée "dans les prochains jours devant le parquet de Lyon", a précisé Me Debbache.

Le provincial des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), Vincent Gruber, affirme que sa congrégation en France n'a été avertie qu'en 2013 de ces accusations, ce qu'il a répété mercredi lors d'une rencontre avec cette délégation. Il a plusieurs fois dénoncé dans les médias un "dysfonctionnement inexcusable".

La congrégation a annoncé de son côté mercredi qu'elle lançait une procédure de "renvoi" du père Rivoire, qui a aussi rencontré mercredi des membres de cette délégation comprenant une victime présumée et deux enfants d'une autre victime.

Me Debbache, disant s'appuyer sur les informations données par M. Gruber mercredi lors de leur rencontre, a indiqué que l'OMI n'avait pas "effectué de signalement" aux autorités judiciaires françaises en 2013, se contentant d'un "signalement auprès de la congrégation pour la doctrine de la foi".

Laquelle aurait "donné pour instruction de maintenir Joannes Rivoire en résidence surveillée", sans informer les autorités judiciaires, invoquant "l'âge de Rivoire". Ce n'est qu'en 2018, alors que le prêtre vivait dans une maison de retraite de Strasbourg que M. Gruber l'a "signalé au parquet" local.

S. B. avec AFP